Rien qu’aux Etats-Unis, les sociétés de capital-risque ont injecté 3,5 milliards de dollars dans les pépites du secteur.

L’appétit des investisseurs pour les entreprises de livraisons de repas semble insatiable. Aux Etats-Unis par exemple, en dix mois seulement, les sociétés de capital-risque ont injecté 3,5 milliards de dollars dans les pépites du secteur. Trois fois le montant investi l’année précédente, d’après les  données de PitchBook obtenues par le Wall Street Journal .

En Europe, si les sommes sont moins vertigineuses, la voracité reste la même. En quatre ans, 4,2 milliards d’euros ont été  investis dans le milieu de la « Food tech ». Dans cette enveloppe, 80 % sont revenus à des entreprises de livraisons alimentaires, selon une étude réalisée par DigitalFoodLab fin octobre.

Rien d’étonnant puisque les consommateurs occidentaux plébiscitent de plus en plus ce type de services. Ce qui assure aux jeunes pousses du milieu une demande florissante, et potentiellement un avenir prometteur.

Secteur en plein boom

« La livraison n’est pas une mode passagère », a commenté  auprès du Wall Street Journal, David Mell, directeur général de RBC Capital Markets . Les plats à emporter et les livraisons devraient représenter environ 15 % des ventes des restaurants à l’horizon 2028, a de son côté avancé, Jeremy Scott, analyste chez Mizuho Securities et spécialiste du sujet. Soit dix points de plus que leur poids actuel.

Une prédiction que partage aussi le patron de McDonald’s, Steve Easterbrook, qui expliquait mardi aux investisseurs que la livraison, représentant aujourd’hui 10 % des ventes sur certains marchés, allait devenir un facteur primordial dans la croissance de celles-ci.

Cela, plusieurs poids lourds du secteur l’ont bien compris. A commencer  par Ubereats, lancé fin 2015 et qui a déjà presque conquis le territoire des Etats-Unis. Mardi, l’entreprise a annoncé qu’elle allait élargir ses services de livraison afin d’être disponible pour 70 % de la population américaine d’ici la fin de l’année.

Ubereats, DoorDash, Instacart…

Comble de l’ironie, désormais, la valorisation de certaines entreprises de livraison a dépassé celle des restaurants pour lesquels elles opèrent. C’est le cas de DoorDash, valorisé 4 milliards de dollars depuis août dernier, au même niveau que Wendy’s, chaîne américaine de fast-food classée au troisième rang mondial.

Pour Ubereats, la différence est encore plus flagrante. Sa valorisation devrait atteindre  20 milliards de dollars, selon Goldman Sachs et Morgan Stanley, si Uber confirme son introduction en Bourse prévue début 2019. A titre de comparaison, Yum ! Brands, la maison mère de marques comme Pizza hut, Taco Bell ou encore KFC, est valorisée 28,2 milliards de dollars.

Chez Grubhub, autre entreprise américaine de livraisons de repas, côtée depuis 2014, cette année a récompensé ses investisseurs puisque le titre a pris 61 % depuis janvier.

Mais le nouvel Eldorado est déjà encombré, et les investisseurs ont souvent le même appât. « Ils doublent voire triplent leurs mises pour soutenir le champion », confirme au quotidien américain Brita Rosenheim, investisseuse et consultante dans des start-ups de la food tech aux Etats-Unis. « Malheureusement, je ne pense pas qu’il y a un avenir pour les petits joueurs », a-t-elle ajouté.

Pour preuve : en Europe, 60 % des investissements réalisés sont revenus à trois start-ups. A savoir Deliveroo, Hello Fresh et Delivery Hero.