La livraison pourrait peser près de 20 % des ventes des restaurants en 2024
Dans trois ans, les commandes apportées à domicile représenteront en France un chiffre d’affaires de 10,3 milliards d’euros, selon une étude de Food Service Vision. 46 % des consommateurs ont désormais recours à ce service.
Y aura-t-il un « monde d’après » dans l’alimentation des Français ? Il y en aura au moins un en ce qui concerne la restauration. Si 2020 fut l’année de l’installation de la livraison de repas dans les habitudes des Français sous l’effet de la pandémie, celle-ci devrait prendre ses aises dans les prochaines années. En 2024, la livraison devrait peser 19 % du chiffre d’affaires de la restauration commerciale, soit près de 10,3 milliards d’euros, selon une étude que l’institut Food Service Vision vient de lui consacrer.
En 2018, elle représentait 6 % des ventes, soit 3,3 milliards, et encore 7 % en 2019. L’an dernier, elle a généré un chiffre d’affaires de 4,9 milliards. Si cela a représenté 15 % de l’activité du secteur, cette proportion tient pour partie au fait que les longs mois de fermeture du service en salle ont lourdement fait chuter les ventes globales. Mais la progression n’en est pas moins réelle.
Hausse des consommateurs réguliers
« La livraison est devenue un ingrédient incontournable de la restauration. L’accélération que l’on constate est à la fois conjoncturelle et structurelle », juge le président fondateur de Food Service Vision, François Blouin. En 2020, 46 % des Français y ont eu recours contre 40 % l’année précédente. La part grimpe à 78 % des 18 à 24 ans et à 74 % des 25 à 34 ans. Tandis que les tranches d’âge plus élevées y ont pris davantage goût que par le passé.
« La part des consommateurs réguliers, commandant au moins une fois par mois, a augmenté. Et la moitié y a recours au moins une fois par semaine contre un tiers il y a deux ans », poursuit François Blouin. Le top 3 des types de plats achetés reste immuable mais la pizza, numéro 1 car commandée par 78 % des acheteurs, et le burger, en deuxième place, se renforcent tandis que les sushis, en troisième position, reculent un peu. Quant aux commandes, elles passent à 36 % par une application sur smartphone mais encore à 32 % par le traditionnel appel téléphonique…
Les plateformes sont de plus en plus connues. Leur notoriété a triplé dans les quatre dernières années. Les scores obtenus par Uber Eats ou Deliveroo se rapprochent ainsi de ceux d’enseignes comme Domino’s Pizza ou Pizza Hut. « Il est rare que des marques s’installent aussi vite dans le secteur », souligne le dirigeant. 7 livraisons sur 10 sont aujourd’hui assurées par ces agrégateurs – contre 5 sur 10 il y a dix ans.
Désormais, 37.000 restaurants opèrent sur au moins une plateforme. Il faut y ajouter 4.500 marques virtuelles. Même si la commission des agrégateurs est jugée beaucoup trop importante par 94 % des restaurateurs indépendants interrogés, 47 % reconnaissent qu’ils ont permis de sauver leur établissement pendant la crise.
Ebullition chez les start-up
Food Service Vision met aussi en exergue l’ébullition des start-up opérant dans cet univers. De la location de cuisines aux intégrateurs de commandes, elles sont plus d’une vingtaine à s’être lancées en 2020. L’importance de la levée de fonds – 20 millions d’euros – récemment réalisée par Not so Dark , qui ne commercialise que des marques de restauration disponibles sur des plateformes, montre bien le phénomène. Tout comme le nouveau modèle mis en place par Panorama Group. Son activité de cuisine virtuelle, désormais baptisée Devor (ex Dark Kitchen), se déploie en franchise, mise aussi sur le click and collect et ajoute un volet « dark store » à son offre.
Le mouvement semble bien enclenché. Les restaurants qui pratiquent la livraison sont très nombreux à prévoir de conserver ce levier après leur réouverture : c’est le cas de 95 % de la restauration rapide et de 75 % des restaurants faisant du service à table.
« Ce mode de consommation s’installe en complément des repas pris sur place. La livraison est en effet d’abord en concurrence avec les plats préparés soi-même. Elle n’est pas en compétition avec l’expérience vécue et partagée dans un bar, une brasserie ou un restaurant », estime François Blouin. Il prévoit aussi, demain, le développement d’agrégateurs plus thématiques, notamment dans la gastronomie de luxe, la restauration bio.
Article de Clotilde Briard – A retrouver en cliquant sur Source