L’Alliance des métiers de la restauration aérienne et ferroviaire réclame au gouvernement des mesures de soutien à la hauteur du trou d’air enregistré. Si ces acteurs devaient mettre la clé sous la porte, les avions seraient cloués au sol.
L’activité de catering aérien est en chute libre. (Newrest)
La restauration à bord des avions n’est pas loin du crash. Avec une activité en chute libre de 80 % sur 2020 et sans visibilité sur 2021, et la menace d’une baisse du soutien de l’Etat, les entreprises du secteur sont en alerte rouge. L’Alliance des Métiers de la Restauration aérienne et ferroviaire , lancée en mai dernier par le PDG fondateur de Newrest, Olivier Sadran, et Alexis Frantz, directeur général de Servair, a adressé mardi un courrier à l’Elysée, dans les ministères et à l’Assemblée Nationale, pour réclamer le maintien du dispositif actuel d’indemnisation jusqu’au 31 mars prochain.
Selon les décrets des 24 et 30 décembre 2020, la restauration aérienne (ou catering, pour les professionnels) figure sur la liste des secteurs paralysés par la pandémie. La prise en charge du chômage partiel, dans les conditions actuelles, a été prorogée jusqu’au 31 janvier. Mais à compter du 1er février, si la rémunération du salarié en chômage partiel est bien maintenue à 70 % du brut (ou 84 % du net), l’allocation versée à l’employeur devrait être réduite de 70 % du brut à 60 %.
« Ce qui revient à augmenter notre reste à charge de 15 %, sans parler des « compteurs sociaux », congés payés, 13 ou 14eme mois, représentant 18 à 25 % du coût d’un poste, et incombant aux employeurs également. Soit au total un reste à charge qui peut atteindre 40 % pour les entreprises. Intenable ! », s’exclame Olivier Sadran. Ce problème ne se pose pas dans les activités de restauration ferroviaire de Newrest, interdites à bord des trains, et donc toujours sous cloche.
Annonces alarmantes dans l’aérien
Dans l’aérien, l’activité ne redécolle pas. Elle était de l’ordre de 10 à 15 % pendant les fêtes de Noël par rapport à celle constatée un an plus tôt, après quelque 20 % enregistrés en juillet août. Et depuis le début d’année, les annonces alarmantes liées à la troisième vague de la pandémie s’accumulent. Le chiffre d’affaires de la restauration aérienne va probablement tomber à 5 à 10 % de ce qu’il serait en temps « normal » au premier trimestre, estime-t-on chez les acteurs du secteur.
« Et compte tenu de ces prévisions, le mécanisme de l’Activité Partielle de Longue Durée (APLD) couvrant 40 % à 50 % de réduction du temps de travail en moyenne sur deux ans, ne répond pas non plus, à nos besoins » poursuit le patron de Newrest. Avec Servair, les deux spécialistes français représentent respectivement 900 et 5.100 emplois sur les plateformes aériennes nationales. Des emplois, principalement en région parisienne, aujourd’hui menacés. L’entreprise d’Olivier Sadran a déjà dû supprimer 214 emplois.
Sans les acteurs du catering aérien, pas de plateau-repas à bord, ni de couverture, de produits d’hygiène, de duty free et donc… pas de décollage possible. « Notre activité est essentielle pour opérer un vol », glisse ce dernier, en une menace à peine voilée. Le PDG de Newrest se veut néanmoins optimiste : « une fois la campagne de vaccination finalisée, nous estimons que nous devrions revenir sur des niveaux d’activités de 50 % à 60 % ».
Pour Servair , la situation est d’autant plus complexe, que cette ancienne filiale d’Air France est un pure player de la restauration aérienne, et reste très dépendante de son ancienne maison mère. Newrest est plus diversifié . La société toulousaine réalise le tiers de son chiffre d’affaires avec ses bases vie minières et pétrolières dans le monde, non affectées par la crise sanitaire, est donc également présente dans la restauration ferroviaire et a obtenu dans le catering aérien de gros contrats aux Etats-Unis avec Delta, qui tourne à 85 % de son activité habituelle.
Article de Martine Robert – A retrouver en cliquant sur Source