Le groupe Jin Jiang, propriétaire de Louvre Hôtels (Première Classe, Campanile, Golden Tulip, etc.) et premier actionnaire d’AccorHotels, entend dépasser l’américain Marriott d’ici à 2023.

L’appétit, dit-on, vient en mangeant. Manifestement, Jin Jiang International a encore faim, après une expansion spectaculaire ces dernières années. Le premier groupe hôtelier chinois, et cinquième opérateur mondial depuis 2015 suite à l’acquisition de ses concurrents domestiques Plateno et Vienna, et du f rançais Louvre Hotels Group (LHG) – Première Classe, Campanile, Kyriad, Golden Tulip…- ne vise rien moins désormais que la place de numéro un. En clair, détrôner le géant américain Marriott International, qui s’est hissé au sommet de l’hôtellerie en 2016 en absorbant son compatriote Starwood Hotels & Resorts, cassant au passage la barre mythique du million de chambres sous enseignes.

« La stratégie de Jin Jiang est d’être le numéro un en 2023 », a lancé ce mercredi le président de LHG,  Pierre-Frédéric Roulot , par ailleurs directeur général de Jin Jiang Europe et président de Jin Jiang Louvre Asia, à l’occasion d’un point sur le développement du groupe. S’exprimant à Shanghai – où est basé Jin Jiang – devant des journalistes Français, il a laissé entendre que la maison mère chinoise, avec quelque 700.000 chambres, serait désormais au quatrième rang mondial. « Il est possible que Jin Jiang soit passé devant Wyndham [un autre opérateur des Etats-Unis, NDLR] », indique le directeur général du cabinet d’études et de conseil spécialisé MKG, Vanguelis Panayotis.

Plus de 1.000 hôtels ouverts en 2017

Selon Pierre-Frédéric Roulot, le groupe chinois a ouvert plus de 1.000 hôtels en 2017, dont 800 en Chine par croissance organique, tandis que la direction de Jin Jiang fait état d’un plan de développement de quelque 1.800 établissements supplémentaires. De fait, 900 établissements supplémentaires sont prévus pour la période 2018-2020 en dehors de Chine.

Au vu de ce volontarisme, reste une question de taille aujourd’hui encore en suspens : quid du devenir  des relations entre Jin Jiang et AccorHotels , le champion français de l’hôtellerie, dont le géant chinois est le premier actionnaire avec une participation d’un peu plus de 12 %. Le statu quo semble, à première vue, persister alors que Jin Jiang bénéficiera de droits de vote double à partir de juin.

« Deux excellents partenaires »

Lors de la présentation de ses résultats annuels, le PDG d’AccorHotels, Sébastien Bazin, s’était félicité le mois dernier d’avoir « deux excellents partenaires en Chine », Huazhu, son franchisé exclusif pour l’hôtellerie économique et moyen de gamme, et Jin Jiang. S’agissant de ce dernier, il avait rappelé l’impossibilité d’une représentation au conseil d’administration en raison du conflit d’intérêts inhérent à la détention de Louvre Hotels. L’actionnaire chinois n’a d’ailleurs pas demandé à être autour de la table du conseil, au côté, entre-autres, du Qatar (10 % du capital environ) et du représentant du prince Al-Waleed (un plus de 5 %), lesquels se verront eux aussi attribuer des droits de vote double, en juillet.

« Nous sommes en contact très proche avec AccorHotels », assure, de son côté, la présidente de Jin Jiang International, Guo Lijuan, avant d’ajouter : il « a une stratégie globale et en tant qu’actionnaire nous devons la soutenir. Si AccorHotels fait son travail, c’est un bon investissement ».