Le français PAI s’allie à Abu Dhabi et Goldman Sachs pour faire grandir Häagen-Dazs et Oreo

Le fonds PAI Partners mise sur l’avenir de Froneri, le numéro 2 mondial des crèmes glacées, avec l’appui d’Adia et de Goldman Sachs. Un nouvel investissement de 3,6 milliards d’euros qui permettra de financer la croissance organique et les acquisitions stratégiques dans un secteur où l’innovation est clé.

L’opération financière peut sembler complexe mais l’objectif est clair : renforcer les moyens du numéro deux mondial des glaces. Dans une opération à multiples volets, le fonds PAI Partners, dont une des spécialités est la grande consommation, a en effet annoncé, jeudi, une transaction à 3,6 milliards d’euros, lui permettant de prolonger son bail dans les crèmes glacées.

Il y est présent actuellement au travers de la coentreprise Froneri, détenue à 50-50 avec le géant mondial de l’agroalimentaire Nestlé. Froneri commercialise des marques comme Häagen-Dazs, les glaces Oreo ou Milka.

Les pièces du puzzle

« Nous sommes fiers de poursuivre notre collaboration avec Froneri et Nestlé, et d’accueillir Adia et d’autres institutions mondiales de premier plan en tant qu’actionnaires pour la prochaine phase de croissance de Froneri », a commenté Frédéric Stévenin, co-managing partner de PAI.

Si Nestlé reste au même niveau, c’est au sein de la part détenue par PAI que les pièces du puzzle bougent. Deux investisseurs de poids y interviennent : Adia, le fonds d’investissement souverain d’Abu Dhabi, et, indirectement, Goldman Sachs qui investit dans un fonds de continuation.

Ensemble, les deux investisseurs et PAI apportent 3,6 milliards d’euros d’argent frais. Cette transaction, selon des sources citées par Reuters, valorise Froneri 15 milliards d’euros, dette comprise. PAI n’a pas donné le détail des participations à l’issue de cette transaction.

Premier étage de la fusée, Adia entre au capital en tant que « co-investisseur minoritaire significatif ». Dans le même temps, PAI a créé un fonds de continuation, c’est-à-dire un véhicule créé ad hoc afin de conserver des actifs plus longtemps que la durée de vie des fonds avec lesquels ils ont été achetés à l’origine. C’est dans ce fonds que Goldman Sachs a investi, permettant ainsi à PAI de prolonger son aventure dans les crèmes glacées.

Froneri a été fondé en 2016 par le mariage des activités de PAI (R&R Ice Cream) avec celles de Nestlé dans le secteur européen des glaces. Or dans le capital-investissement, les portefeuilles tournent habituellement tous les cinq à sept ans. Ces fonds de continuation séduisent de plus en plus les investisseurs en quête de liquidité.

Ils ont même constitué au premier semestre 19 % de l’ensemble des opérations de capital-investissement, selon Jefferies. Ils peuvent refléter la difficulté à céder un actif au prix souhaité à un moment donné… mais aussi la volonté de rester à bord en raison des perspectives de développement.

« Consolidation stratégique »

Les sommes investies vont ainsi permettre à PAI de financer le développement du géant des glaces. « Froneri a la possibilité de […] tirer parti de son expérience éprouvée en matière de création de valeur, en se concentrant sur une croissance organique solide, l’efficacité opérationnelle et la consolidation stratégique du marché », commente le capital-investisseur dans son communiqué.

En matière de croissance organique, le métier de la glace étant réputé assez intensif en capital, il peut nécessiter de l’argent frais. Ne serait-ce que pour maintenir le froid depuis l’usine, pendant le transport et jusqu’au lieu de commercialisation, vendre de la crème glacée à l’échelle industrielle est relativement plus coûteux que d’autres aliments de grande consommation. Les coûts de marketing sont également une donnée importante de l’équation.

Dans le domaine de la consolidation, le marché – évalué à 75 milliards d’euros selon le « Financial Times » – est pour l’heure dominé par Unilever (avec les glaces Magnum prochainement cotées à la Bourse d’Amsterdam), suivi par Froneri. Et pour grandir encore, le groupe a d’ores et déjà identifié ses futures cibles, affirme une source. En 2024, il s’était notamment étendu en Uruguay, avec l’acquisition de Crufi, un acteur local emblématique. Et en 2020, c’est en mettant la main sur Dreyer qu’il s’était imposé comme numéro 1 sur le marché américain.

Près de dix ans après sa création, Froneri revendique 5,5 milliards d’euros de revenus pour 2024 (contre 5 milliards deux ans plus tôt), et un résultat opérationnel de 814 millions, près du double de 2022.

Par Edouard Lederer – A retrouver en cliquant sur Source

Source : https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/le-francais-pai-sallie-a-abu-dhabi-et-goldman-sachs-pour-faire-grandir-haagen-dazs-et-oreo-2189987