Coronavirus : le grand plongeon des prosecco, chianti et autres vins italiens

La pandémie frappe aussi durement les vins italiens que les vins français. Le prosecco starisé par le Spritz a vu s’effondrer ses ventes avec la fermeture des cafés. Et pourrait finir en gel hydroalcoolique. A côté de lui, des pépites italiennes, dont le barolo, font le deuil des grandes tables repliées depuis le mois de mars. Le chianti, qui va diminuer de 20 % sa production, tremble devant les conséquences de la crise.

 

Le prosecco transformé en gel hydro alcoolique, les exceptionnels barolo à la porte des restaurants fermés, les chianti à bout de souffle….Le vin italien traverse un véritable cauchemar depuis que le coronavirus s’est abattu sur le monde.

Symbole de détente sur les terrasses ensoleillées, le pétillant prosecco s’est effondré comme une poupée de chiffon. Le vin pétillant, qui a doublé le champagne au Royaume-Uni à coups de marketing bien senti, a vu ses ventes plonger avec l’annulation de toutes les festivités et la fermeture des restaurants et des bars il y a six semaines. En Italie mais aussi à l’étranger, privant les producteurs de leurs clients à l’export.

Ventes à zéro

Tant et si bien que les ventes de prosecco qui ont connu une ascension verticale pendant des années sont… à l’arrêt et « proches de zéro », selon Lodovico Giustiniani, président de l’organisation agricole Confagricoltura en Vénétie. Le seul canal de vente encore actif est celui des enseignes de la distribution italienne. Mais les supermarchés sont bien loin de compenser la disparition de tous les autres débouchés. Plus les jours de confinement passent et plus la distillation tend à s’imposer comme l’unique solution. Au risque de finir en gel hydro-alcoolique. Une perspective bien différente des airs de fête attachés au prosecco.

Premier producteur mondial de vin avec 46,6 millions d’hectolitres en 2019 devant la France (42 millions) et l’Espagne (34 millions), l’Italie a fait comme ses deux voisines la demande de l’ouverture de la distillation à la Commission européenne pour 1 milliard de litres de vin excédentaire. Cette disposition historique de l’OCM (Organisation commune de marché) du vin permet aux viticulteurs en difficulté d’alléger le marché et de percevoir une rémunération minimale pour leur vin ainsi déclassé sur la base d’une enveloppe européenne de 350 millions d’euros.

Les grands du Piemont à l’arrêt

Dans la région du Piémont, les producteurs de barolo se désespèrent. Porté au niveau des vins d’exception, le barolo est un favori des grandes tables internationales, ce qui lui vaut en temps normal une valorisation exceptionnelle. Aujourd’hui, ce privilège tourne au cauchemar avec la fermeture de la restauration mondiale. Les ventes de barolo ont plongé de 90 %. Les autres vins du Piemont, parmi lesquels le Barbera nettement plus abordable, sont logés à moins mauvaise enseigne – dans la mesure où ils sont assez largement distribués en supermarchés en Italie et ailleurs en Europe.

Pour les viticulteurs italiens comme pour les Français, la question se pose de savoir que faire du vin qui encombre les cuves et risque de ne pas trouver preneur avant les prochaines vendanges. Les producteurs de barolo demandent à pouvoir stocker en dehors de la zone de production traditionnelle, ce qui leur est normalement interdit. Ils réfléchissent aussi, comme les producteurs de prosecco, à réduire la production de leurs vignes.

Le Chianti a choisi la baisse de production

Une décision « drastique » que le Consortium du vin chianti a lui déjà prise, en abaissant sa production de 20 % au risque d’entraîner de « graves dommages économiques pour les entreprises », selon son président, Giovanni Busi. De nombreux producteurs « sont au bord de la faillite », estime Giovanni Busi, cité par l’AFP. Celui-ci déplore « la distance abyssale entre les annonces innombrables faites par le gouvernement et la réalité » vécue par les entrepreneurs « qui se voient claquer la porte au nez par les banques ».

Le gouvernement italien a fixé au 1er juin une éventuelle réouverture des bars et restaurants. Bien qu’ayant très bien accueilli la nouvelle, les viticulteurs redoutent que le retour des clients ne soit que très progressif.

Article de  Marie-Josée Cougard  – Les Echos / A retrouver en cliquant sur Source

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