Le marché de la pause-déjeuner dynamité par le télétravail et l’inflation

Toutes les certitudes sur le marché de la pause-déjeuner ont volé en éclat depuis la crise sanitaire. L’enquête exclusive menée par Xerfi auprès 1 000 travailleurs et étudiants révèle à quel point les habitudes des Français ont changé en l’espace de quelques mois et comment les cartes sont redistribuées dans la restauration hors foyer.

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  • L’essor du télétravail constitue l’épicentre du séisme. Aujourd’hui, ce sont 13% des journées qui sont télétravaillées selon les résultats de l’enquête. C’est 5 fois plus qu’en 2019. En d’autres termes, ce sont plus 500 millions de repas qui se sont déplacés de facto vers le domicile par rapport à 2019. Les conséquences sont nombreuses, avec notamment une forte désorganisation des établissements de la restauration collective et un grand manque à gagner pour la restauration commerciale, car le télétravail touche le cœur de leur clientèle. Dans ce contexte, la pratique du « fait maison » a connu un véritable boom ces deux dernières années, sans que rien ne laisse envisager un retour en arrière. Le « fait maison » représente aujourd’hui près d’un repas sur deux lors de la pause-déjeuner, et 3 Français sur 4 y ont recours au moins une fois par semaine.
  • La pratique de la livraison fait tomber les barrières entre circuits. La crise sanitaire aura également favorisé la diffusion de nouvelles pratiques. La livraison est en train de se normaliser auprès d’une partie de la population : 28,6% des sondés se sont fait livrer au moins un repas pour leur pause-déjeuner au cours des 6 derniers mois. Alors que le marché de la pause-déjeuner se déplace vers le domicile et vers le lieu de travail, tout porte à croire que le recours aux services de livraison et de vente à emporter est amené à se développer, ce qui entraînera immanquablement un bouleversement du jeu concurrentiel. En autorisant la dissociation du lieu d’achat et du lieu de consommation, la livraison et la vente à emporter contribuent en effet à faire tomber les barrières entre les circuits et à élargir l’offre disponible au-delà des contraintes physiques du maillage territorial. Sans oublier la montée en puissance des acteurs des foodtech (dark kitchen, spécialistes de la livraison, cuisines connectées, etc.) qui pourraient accroître encore un peu plus l’intensité concurrentielle.
  • L’inflation et la crise du pouvoir d’achat pourraient à nouveau rebattre les cartesXerfi tablent sur une nouvelle baisse du pouvoir d’achat en 2023. Une deuxième lame de fonds devrait donc déferler sur les acteurs de la RHF si l’on considère que 43% des Français comptent avoir davantage recours au « fait maison » pour lutter contre leur baisse de pouvoir d’achat.

La diffusion du télétravail, l’essor de la livraison, l’inflation et le retour au « fait maison » ont totalement redistribué les cartes dans la restauration hors foyer, avec des gagnants, mais surtout beaucoup de perdants et un nouveau risque de contraction des ventes. De quoi accentuer la bataille pour les parts d’estomac sur un marché estimé à 6 milliards de repas par an. Dans ce contexte, la restauration collective tente de séduire les télé-travailleurs en dehors de l’entreprise, les chaînes de restaurants, elles, misent sur la livraison et la vente à emporter pour entrer dans les entreprises. Quant aux foodtech, elles poursuivent leur offensive pour s’imposer dans les habitudes des consommateurs.

Par Matteo Neri – A retrouver en cliquant sur Source

Source : https://www.linkedin.com/pulse/le-march%25C3%25A9-de-la-pause-d%25C3%25A9jeuner-dynamit%25C3%25A9-par-t%25C3%25A9l%25C3%25A9travail-matteo-neri/?trackingId=Iz54sisrb28RRysHbKLuhQ%3D%3D