
Le marché de la « viande » vegan promis à une croissance exponentielle
Les analystes de la banque Barclays estiment que le marché pourrait peser 140 milliards de dollars dans dix ans. Les substituts à la viande pourraient capter 10 % du marché total de la viande d’ici 2030. Alors que la viande traditionnelle souffre d’une réputation de plus en plus dégradée.
Barclays anticipe la place primordiale que les restaurants et chaînes de fast-food vont occuper dans la démocratisation de ces produits vegan.
Phil Mccarten/AP/SIPA
Les projections de Barclays font saliver. Selon la banque britannique, les ventes mondiales d’alternatives végétales à la viande devraient atteindre 140 milliards de dollars dans dix ans. Soit 10 % du marché total de la viande, estimé à 1.400 milliards.
Cette croissance exponentielle s’explique, selon les analystes, par la curiosité des consommateurs pour ces nouveaux produits, imitant au mieux leurs viandes favorites et revendiquant un meilleur impact sur l’environnement.
« Les protéines animales deviennent de plus en plus controversées, puisqu’elles représentent l’une des plus importantes sources d’émission de gaz à effet de serre, qu’elles sont énergivores, et qu’elles génèrent beaucoup de déchets sans parler de leur mise en cause pour de nombreux problèmes de santé », développent les auteurs du rapport.
Ruée des investisseurs
Les colosses du secteur de la viande traditionnelle et de l’agroalimentaire l’ont d’ailleurs bien compris. Barclays remarque que plusieurs d’entre eux se sont ainsi positionnés sur ce segment, que ce soit via des investissements dans des pépites déjà existantes ou via le lancement de leurs propres versions de « viandes » vegan. A savoir : Nestlé, Tyson Foods, Maple Leaf ou encore Kellogg et Kraft Heinz.
Maple Leaf, le numéro un canadien de la viande, a d’ailleurs investi 310 millions de dollars en avril dernier pour construire la plus grande fabrique de substituts de viande des Etats-Unis. « Cet investissement va sécuriser notre leadership actuel sur ce marché en pleine expansion », avait commenté à l’époque Michael McCain, patron de l’entreprise.
Cet appétit des investisseurs et des entreprises confirme, selon les analystes, le potentiel de croissance de ce nouveau marché. L’introduction en Bourse retentissante de la startup américaine Beyond Meat, dont le titre a grimpé de presque 218 % en trois semaines, est la preuve d’un tournant.
VIDEO. Produits vegans ou végétariens : les ventes décollent en supermarché
Les restaurants au coeur de la bataille
« Nous pensons que le goût et le prix dicteront en fin de compte l’acceptation générale » des substituts à la viande, poursuivent les analystes. Selon ces derniers, pour être totalement démocratisées, les « viandes » vegan devront notamment convaincre la population masculine, qui consomme davantage de viande.
Autre aspect essentiel : la distribution. Barclays anticipe la place primordiale que les restaurants et chaînes de fast-food vont occuper dans la démocratisation de ces produits vegan. L’un des pionniers du segment, l’américain Impossible Foods, a basé son succès sur la distribution en restauration. Son burger végétal est aujourd’hui vendu dans tous les Burger King des Etats-Unis, ainsi que dans 7.000 enseignes.
Son principal rival, Beyond Meat, revendique de son côté 12.000 points de vente en restauration, et a signé à la mi-mai un partenariat avec la chaîne Tim Hortons pour commercialiser son « Beyond Burger ». McDonald’s a, lui, commencé à vendre en Allemagne le burger végétarien produit par Nestlé.
Malgré ces signaux positifs, Barclays reconnaît toutefois l’existence d’obstacles. A commencer par les restrictions réglementaires en matière d’étiquetage et de marquage qui vont peut-être obliger les entreprises à revoir tout leur marketing.
Source : Le marché de la « viande » vegan promis à une croissance exponentielle | Les Echos