
Le marché des spiritueux craint les effets de l’inflation
Après une reprise partielle en 2021 à la suite de la pandémie, les ventes de spiritueux en France sont de nouveau en recul depuis janvier. Les producteurs français s’attendent à une année 2022 difficile en raison des tensions géopolitiques et de la hausse des coûts de production.
Après une année 2021 marquée par une relance du marché des spiritueux en France, après le trou noir de la pandémie, la profession a de nouveau la gueule de bois. Entre janvier et mai, les ventes ont reculé de 7 % en grande distribution en volume sur un chiffre d’affaires de 5,2 milliards d’euros. Sur un an à fin mai, la baisse atteint 4 %, avec un recul marqué pour le whisky et les boissons anisés.
Dans les bars et les restaurants, ce sont surtout les rhums et les liqueurs – qui servent surtout à faire des cocktails -, qui sont à la peine. Un coup dur, après seulement cinq mois d’activité normale dans ce circuit en 2021 à cause des contraintes sanitaires, l’activité dans les discothèques ayant repris parmi les dernières. Si ce secteur a récupéré une partie des volumes perdus à cause du Covid, il reste toutefois loin de son niveau d’avant-crise en 2019 (-31,6 %).
Frein sur les exportations
« Les spiritueux sont des produits chers, d’où un arbitrage des ménages, souligne Jean-Pierre Cointreau, le président de la Fédération française des spiritueux. Il y a de toute façon une baisse tendancielle de la consommation française depuis des années, compensée par les exportations ».
En dix ans, les achats d’alcool ont reculé de 16 % dans l’Hexagone. Cette année, les entreprises, qui proposent par exemple rhum, tequila ou vodka dans la grande distribution, n’ont pas réussi à passer des hausses de prix lors des négociations commerciales.
dont le cognac représente un tiers des volumes mais les trois quarts de la valeur. En 2021, les expéditions de spiritueux ont ainsi bondi de plus de 30 %, à 4,9 milliards d’euros, et de 12,4 % en volume. Avec pour principaux débouchés l’Amérique du Nord (44 %) et l’Asie (29 %).
Mais la machine exportatrice commence à se gripper sous l’effet du contexte mondial. En plus des difficultés avec les containers , le marché américain a ralenti depuis avril, après une hausse de quelque 10 % des prix. En Chine, c’est le rebond du Covid, avec ses confinements stricts comme à Shanghai, qui joue contre les ventes.
Des hausses de coûts
Ce tassement de l’activité se conjugue comme dans beaucoup de secteurs, sous l’effet de la guerre en Ukraine, à une forte hausse des coûts de production. Energie, verres, céréales (utilisées dans la production de vodka) tous les voyants sont au rouge.
« Ils ont enregistré une hausse spectaculaire depuis février », note la fédération, avec par exemple pour les bouteilles un envol jusqu’à 60 % de la facture. « Certaines références de verrerie premiers prix ne sont plus disponibles, ce qui nous empêche de livrer la grande distribution », poursuit le président.
Faute de pouvoir augmenter les prix, les entreprises de la filière, essentiellement des PME, parient sur la montée en gamme pour amortir ces hausses diverses : si la consommation de spiritueux est de plus en plus occasionnelle, elle se porte aussi sur des produits plus élaborés et donc plus chers.
La météo joue aussi les trouble-fête. Après la canicule, de violents orages ont balayé lundi soir le Sud-Ouest, notamment dans le Médoc et le Blayais, avec à la clef de fortes inquiétudes pour les raisins ou la récolte de fruits. « Les aléas climatiques influent beaucoup sur nos approvisionnements », reconnaît Jean-Pierre Cointreau.
La question des stocks
Les fabricants utilisent 3 millions de tonnes de matières agricoles par an (fruits, betteraves, plantes…). Les producteurs d’Armagnac, touchés par un sévère orage de grêlons dans les Landes et le Gers début juin, devraient avoir une production réduite cette année. Mais ils peuvent compter sur leurs réserves. En revanche, ce sera plus compliqué pour les liquoristes qui n’ont pas de stocks.
« Notre profession a su rebondir après la pandémie, poursuit le président de la Fédération. 2022 donne hélas une autre tonalité et nous aurons besoin de mesures pour préserver notre compétitivité ».
Par Dominique Chapuis – A retrouver en cliquant sur Source
Source : Le marché des spiritueux craint les effets de l’inflation