Le plan de Volvic pour réduire ses prélèvements dans la nappe phréatique 

La marque d’eau minérale d’Auvergne, propriété de Danone, s’engage à réduire de 280 millions de litres par an l’eau servant au nettoyage des lignes de production. Un nouveau moyen d’économiser sa ressource face au changement climatique.

Volvic est dans les starting-blocks pour la réutilisation de ses eaux usées. La marque d’eau minérale naturelle de Danone n’attend plus que le décret du gouvernement pour se lancer. Le plus important site de production d’eau minérale en France du groupe (1.300 emplois), implanté au coeur du massif des volcans d’Auvergne, a fait l’objet depuis plus de deux ans d’un programme pilote pour réduire cette utilisation.

« Dans le cadre du changement climatique, avec les épisodes de sécheresse, tout l’enjeu est de préserver la ressource en Auvergne, le château d’eau de la France, indique Cathy Le Hec, la directrice Ressource en eau et Environnement de Danone France. Il y a des inquiétudes. Nous souhaitons y répondre par des actions concrètes. » Ce pôle – avec Evian ou Badoit -, représente 16 % du chiffre d’affaires du groupe, soit 4,5 milliards d’euros.

Recycler les eaux

Environnemental, l’enjeu est aussi économique. Volvic est la 4e entreprise du territoire. Pas question, comme son concurrent Nestlé, à Vittel-Contrexéville, d’être contraint de lancer un plan social face à une baisse de la ressource . Le groupe ne veut pas non plus se mettre à dos la population locale. En mai dernier, des associations avaient appelé à une manifestation sur fond de sécheresse.

C’est la nappe enfouie entre 50 à 100 mètres de profondeur, dans laquelle les gouttes de pluie mettent plus de cinq ans à descendre, que Volvic veut pérenniser. Une eau minérale destinée à être vendue, mais aussi utilisée pour nettoyer les lignes de production pour des raisons de sécurité sanitaire. Une perte sèche.

Le programme, opérationnel dès 2026, va permettre d’économiser 280 millions de litres par an, un recul de 10 %. « Aujourd’hui, ce prélèvement pour nettoyer est utilisé une fois. Grâce aux nouvelles technologies mises au point par nos experts, il sera possible d’avoir plus de cinq cycles de réutilisation, précise la responsable. Nous sommes des pionniers dans le recyclage de ces eaux et sommes prêts à partager cette innovation avec la filière agroalimentaire ». Le procédé s’appuie notamment sur une filtration à base de roseaux.

Partenariats avec les agriculteurs

Cette avancée est un pas de plus sur le chemin des économies. Entre 2017 et 2022, Danone a réduit de 360 millions de litres les prélèvements sur le site de Volvic. Des progrès réalisés grâce à la modernisation des chaînes d’embouteillage. Le groupe a investi 30 millions d’euros pour rendre plus économe une partie de ces lignes. Ce qui a permis une baisse de 13 % des prélèvements en cinq ans. Un nouveau plan est à venir.

Par ailleurs, le géant tricolore a moins puisé dans la nappe, à cause du changement climatique . La préfecture du Puy-de-Dôme, qui définit le niveau d’autorisation des prélèvements, l’a fixé à 2,5 milliards de litres l’an dernier. C’est un recul de 10 %. « La clé, dans notre métier de minéralier, c’est d’anticiper, reprend Cathy Le Hec, et de s’adapter face aux risques de rareté de l’eau. »

La Société des Eaux de Volvic a en plus engagé un partenariat avec dix agriculteurs du cru pour les accompagner dans de nouvelles pratiques. L’objectif est de les amener à protéger la richesse des sols, en réduisant les pesticides, et en préservant la biodiversité. Un moyen aussi de mieux conserver l’eau dans les cultures. En 2026, 50 % des surfaces agricoles situées sur les quatre impluviums des eaux minérales naturelles en France de Danone seront engagées dans cette démarche.

À NOTER

En 2025, 100 % des bouteilles de Volvic seront en plastique recyclé, et recyclables. Ce sera le cas pour Evian en mars 2024. Après son utilisation, une bouteille redeviendra donc une bouteille. Danone se dit en mesure de fabriquer à partir d’un contenant qui a déjà servi « avec un haut niveau de qualité ».

Par Dominique Chapuis – A retrouver en cliquant sur Source

Source : Les Echos