Le rosé de Provence, star à l’exportation

En dix ans, les ventes à l’étranger de ce vin emblématique du sud-est de la France ont augmenté de 516 % en volume. Une progression fulgurante que même la pandémie de Covid-19 n’a pas pu enrayer.

Il n’est pas étonnant que des investisseurs étrangers lorgnent les rosés de Provence : la plupart des pays occidentaux, et même au-delà, l’adorent. En conséquence, depuis des décennies, cette couleur ne cesse de grappiller des hectares de vignes, au détriment du rouge et du blanc, pour accaparer aujourd’hui 91 % de la production de la région (166 millions de bouteilles en 2020). Car les chiffres à l’exportation donnent tant le tournis qu’ils n’incitent pas les vignerons à se diversifier.

En dix ans, entre 2010 et 2020, les ventes à l’étranger de bouteilles estampillées « rosé de Provence » ont augmenté de 516 % en volume, selon un rapport des douanes publié au début du mois de mai par le Conseil interprofessionnel des vins de Provence (CIVP). Ce sont désormais 430 000 hectolitres qui traversent les frontières, soit 43 % de la production. La progression en valeur est encore plus impressionnante et instructive : en 2020, les ventes ont atteint 286 millions d’euros, soit une augmentation de 963 % durant la décennie ! Le rosé de Provence se vend bien à l’étranger, et il se vend de plus en plus cher, jusqu’à 80 euros ou plus la bouteille, tant cette couleur est devenue chic et tendance.

La crise sanitaire n’a pas entaché ses performances. Il signe, en 2020, sa meilleure progression à l’export, avec une hausse de 6 %. Et ce, malgré un repli des ventes globales de 5 % et une taxe Trump aux Etats-Unis qui a freiné le marché des vins français. Cette augmentation concerne les trois appellations d’origine contrôlée (AOC) de Provence : côtes-de-provence, coteaux-d’aix-en-provence et coteaux-varois-en-provence, qui représentent à elles seules 38 % des rosés d’AOC produits en France. En dehors de la Bourgogne et du Val de Loire, tous les autres vignobles français ont vu leurs exportations reculer l’an dernier.

2020, année record

Selon Brice Eymard, directeur général du CIVP (qui représente six cents caves et négociants), la surtaxe Trump de 25 % sur les vins et spiritueux français, récemment suspendue, a entraîné une baisse de 6 % des ventes de rosés provençaux aux Etats-Unis en volume. Mais cette diminution a été largement compensée par « une hausse de la consommation de rosé dans d’autres pays étrangers, surtout en Grande-Bretagne, au Canada, aux Pays-Bas, en Belgique et en Allemagne ». L’exemple du Royaume-Uni est le plus spectaculaire : plus 51 % en volume et en valeur en 2020 par rapport à 2019. Car si le rosé reste souvent en France un vin lié à l’été, aux vacances et à la chaleur, il se boit désormais toute l’année dans de nombreux pays.

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Regardons de près l’année 2020, grandement perturbée par la pandémie. Après plusieurs mois de baisse entre février et en mai, en raison du premier confinement, les exportations de vins de Provence rosés sont reparties à la hausse dès le début de l’été (plus 46 % en juin par rapport à juin 2019) pour se maintenir très haut tous les mois. L’année 2020 s’est même achevée sur un record avec, au mois de décembre, une croissance de 75 % par rapport à décembre 2019. Le début d’année 2021 ne dénote pas, avec une progression de 5 % en volume sur la période janvier-février par rapport à 2020.

Sur le marché français, la progression est plus sage au niveau des ventes dans les supermarchés et hypermarchés, se soldant par une légère progression de 2 % sur l’ensemble de l’année 2020. Selon M. Eymard, le pic touristique de l’été dernier, avec de fortes ventes directes dans les propriétés, a presque contrebalancé les pertes du confinement. Et l’on sait que les « ventes au caveau » ont déjà bien commencé en cette fin de printemps. Le phénomène rosé va largement au-delà de la Provence, la région représentant 4,2 % de cette couleur produite dans le monde.

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