Les achats de boissons, ce marqueur social

Le choix des boissons varie beaucoup selon l’appartenance sociale, d’après l’Insee. La part des boissons dans les dépenses des ménages a fondu de 6,4 % en 1960 à 2,9 % en 2018. L’évolution s’est faite au profit des boissons sans alcool, mais les Français dépensent tout de même encore presque deux fois plus pour l’alcool.

Dis-moi ce que tu bois et je te dirai qui tu es. A en juger par l’enquête très générale de l’Insee sur le poids des boissons dans les dépenses des ménages, les boissons forment un véritable marqueur social. Les Français les plus modestes privilégient ainsi les sodas , alors que les plus aisés boiront davantage volontiers du café. Quand on a de l’argent, on tend à privilégier les boissons chaudes. Quand on en a moins, on opte pour les breuvages rafraîchissants. Plus de sodas et moins d’eau en bouteille que les autres.

Côté alcool, on retrouve aussi des différences assez nettes entre catégories sociales. Les ménages de la région parisienne y consacrent une part plus importante de leur budget, parce que, selon l’Insee, « il y a une plus grande concentration de cadres » en Ile-de-France que dans les autres régions. Ils dépensent 12,3 points de plus en vins tranquilles, champagnes et cidres que les autres Français.

Le poste boissons a fondu

Plus globalement, l’Insee constate que les dépenses boissons des ménages ont considérablement diminué depuis les années 1960. Il y a soixante ans, elles en représentaient 6,4 %. En 2018, ce n’était plus que 2,9 %. « Les préférences ont évolué : la part de l’alcool s’est réduite au profit du sans alcool », note l’Insee. En moyenne, un ménage français consacre cependant encore nettement plus à l’alcool (707 euros par an) qu’au sans alcool (406 euros).

Les vins, cidres et champagnes pèsent plus lourd dans les dépenses dans certaines régions viticoles. C’est le cas en Méditerranée, Centre-Est et dans l’Est. Au total en France, l’Insee note également une différence de comportement entre les plus de 65 ans et les moins de 26 ans. Les premiers affectent une part plus importante de leur budget à l’alcool que les seconds. Les jeunes boivent plus de bière.

Le vin encore plus

Sans surprise, les vins de table ont beaucoup régressé au profit des vins de qualité, dont la consommation a surtout progressé dans les années 1980 et 1990. Le vin , qui représentait 49 % de la consommation d’alcool dans les années 1960, est tombé à 9 % en 2018. « Une conséquence des politiques publiques de lutte contre l’alcoolisme », souligne l’Insee. Les vins de qualité en 2018 comptaient pour 21 % de la dépense en alcool.

Les ventes de bière sont assez sinusoïdales. En hausse jusque dans les années 1980, la bière a reculé ensuite jusqu’au début des années 2010, avant de retrouver une courbe ascendante sous l’impulsion des bières artisanales.

La France consomme plus d’alcool que l’Italie (la plus raisonnable des 28 selon Eurostat). A raison de 12,6 litres d’alcool pur par tête et par an, l’Hexagone se place au huitième rang en Europe juste après la Bulgarie. La Lituanie vient en tête, devant la République tchèque et l’Allemagne.

Dans le sans alcool, l’Insee note que les eaux de table, les boissons aromatisées, les sodas ainsi que les jus de fruits et de légumes (à partir des années 1990) se sont fortement développés, tandis que, dans le même temps, le thé et le café ont fortement décru.

Marie-Josée Cougard

Source : Les achats de boissons, ce marqueur social | Les Echos