Les alliances aux achats, nouvelle obsession des distributeurs français

Carrefour s’associe avec Fnac-Darty, Casino renforce son partenariat avec Dia. Ces contrats fraîchement signés viennent s’ajouter à la longue liste des alliances déjà nouées par les distributeurs français, en mal d’arguments pour faire baisser les prix.

Ce sera donc le deuxième fait d’armes à mettre au crédit d’Alexandre Bompard. Après l’accord sur l’ouverture des hypers le dimanche, et avant l’annonce en janvier du plan de transformation du groupe, Carrefour officialise ce 5 décembre la signature d’un partenariat avec le groupe Fnac-Darty.

Le deal lance une coopération à l’achat sur les produits électroménagers et électroniques grand public en France. Ancien PDG du groupe Fnac-Darty, Alexandre Bompard a évidemment joué de son influence pour faire aboutir l’accord. Les enseignes continueront de construire leur politique commerciale propre (et se feront concurrence), mais la massification des volumes permettra à chacun d’obtenir de meilleures conditions de la part des fournisseurs.

Carrefour, jusqu’à présent, s’était particulièrement peu impliqué dans de telles alliances. La seule association à laquelle il a consenti est l’adhésion de Louis Delhaize en France (Cora, Supermarchés Match) à sa centrale pour les achats de produits à marque nationale et les premiers prix. Un accord récent, effectif depuis 2014 (2016 pour les premiers prix)

Casino champion des alliances

Acteur d’envergure plus modeste, Casino est à l’inverse un champion de ces deals passés avec des acteurs parfois concurrents directs. Le Stéphanois, d’abord, adhère à la première centrale d’achats européenne, EMD. Ses membres (parmi lesquels on trouve le Britannique Asda, l’Allemand Markant, l’Espagnol Euromadi, le Russe Lenta, etc.) réalisent un chiffre d’affaires cumulé de 184 milliards d’euros.

En 2015, Casino a créé une société commune avec un autre espagnol, le groupe Dia. Cette fois pour mutualiser des achats de MDD et facturer aux industriels des services internationaux spécifiques (vente de données, aide au développement). Ce partenariat va se renforcer avec l’entrée en vigueur, le 15 décembre prochain, de services supplémentaires cette fois d’ordre logistique et financier.

En France, Casino est associé avec Intermarché depuis 2014 à travers une centrale partagée, INCA Achats, pour négocier auprès des grandes marques.

À l’automne 2016, le distributeur a signé un contrat supplémentaire avec Conforama pour acheter en commun produits électroménagers et électrodomestiques. Avec une structure opérant à l’échelle du marché français et une autre pour l’international

Intermarché n’est pas en reste

Partenaire de Casino dans l’Hexagone, Intermarché n’est pas non plus en reste à l’étranger. Les Mousquetaires sont membres de la centrale Alidis, aux côtés d’Edeka, Coop Suisse, Conad, Colruyt et Eroski, pour négocier les achats alimentaires internationaux. Ils adhèrent selon une logique similaire à Arena, une autre centrale européenne regroupant cette fois des acteurs du bricolage.

Et de la même façon qu’Intermarché s’est allié à Casino en France, l’enseigne a trouvé en… Dia un partenaire équivalent à l’échelle du Portugal. Dia qui, pour mémoire, est donc aussi en cheville avec Casino pour les MDD et divers services internationaux.

Auchan et Boulanger

Auchan, de son côté, s’est associé avec son cousin Boulanger à l’automne 2016 pour les achats du rayon « blanc-brun-gris ». Un rapprochement logique (et même tardif) pour deux distributeurs aux mains de la famille Mulliez.

Auchan est par ailleurs associé à Système U et Schiever dans la centrale d’achats française Alliance, ainsi qu’à Metro à l’échelle internationale.

Leclerc, enfin, après avoir perdu tous ses alliés européens en 2014, s’est rabiboché avec l’Allemand Rewe en 2015 et a depuis reconstruit la centrale Coopernic, en ralliant en sus Coop Italia.