Nestlé va lancer son premier hamburger végétal au printemps. En décembre, son concurrent Unilever a racheté « le boucher végétarien », un spécialiste néerlandais des alternatives aux protéines animales.

Nestlé s’apprête à commercialiser son premier hamburger végétal. Il s’appellera l’« incroyable burger ». Le lancement aura lieu au printemps, en Allemagne. Pour le géant suisse, la vague vegan est beaucoup plus qu’un phénomène de mode. Ce sera un marché tout à fait substantiel, estime Laurent Freixe, le directeur de Nestlé aux Etats-Unis, qui attend de ces produits une contribution de 1 milliard de dollars à son chiffre d’affaires d’ici dix ans.

Convaincu de l’avenir des produits vegan, le numéro un mondial de l’alimentation a fait l’acquisition de l’américain, Sweet Earth Foods en 2017, un spécialiste du surgelé, des burritos et de diverses sortes de sandwichs sans viande. Nestlé avait alors estimé  le marché américain à 5 milliards de dollars d’ici 2020. « La moitié des consommateurs aux Etats-Unis recherchent plus de produits végétaux et 40 % souhaitent manger moins de viande », selon le groupe.

Changer les goûts

Les laboratoires du géant suisse tournent déjà à plein pour  élaborer des nouvelles recettes végétales, notamment en direction des enfants pour développer le goût des légumes dès leur plus jeune âge. Au menu des compotes mélangeant légumes et fruits, pomme, betterave rouge ou encore petits pois, courgette, et goyave. Des chips veggie, des Nutri Puffs aux épinards et oignons ou encore des Nutri Stars banane orange. Le tout sans sucre ajouté et sans sel.

Le groupe de Vevey n’est pas le seul à croire dans cette nouvelle tendance de consommation. Ses concurrents aussi veulent y voir une tendance durable. A commencer par Danone, leader mondial du yaourt  qui s’est lancé dans les produits à base de succédanés de lait (l’appellation « lait » est interdite par la réglementation européenne quand il n’est pas d’origine animale). En 2017, le groupe a finalisé le rachat de WhiteWave, un des grands groupes vegan aux Etats-Unis, pour la coquette somme de 12,5 milliards de dollars.

En décembre, son concurrent anglo-néerlandais, Unilever, a lui acheté aux Pays-Bas « De Vegetarische Slager » (le boucher végétarien), avec qui il avait noué des relations commerciales depuis 2016. Unilever vend déjà près de 700 produits végétariens sous le label « V-Label » de l’Union végétarienne européenne, au sein de marques comme Knorr ou Ben & Jerry’s.

Les recettes de labos

D’autres initiatives ont vu le jour comme « Beyond the Meat », fondé en 2009 par Ethan Brown et soutenu par Leonardo Dicaprio, Bill Gates et Tyson Foods, le numéro un de la viande aux Etats-Unis . L’entreprise fabrique à partir de plantes des substituts à la viande, qui auraient sa saveur mais pas ses inconvénients. Avec l’aide de quelques scientifiques de l’université du Missouri, elle a fabriqué un émincé de poulet.

En novembre, la start-up californienne a déposé une demande d’introduction en Bourse auprès de la SEC, avec pour objectif de lever au moins 100 millions de dollars. Si le processus aboutit, elle sera la première entreprise cotée du secteur.

Un vrai nouveau marché

Alors que 500 personnalités françaises comme Isabelle Adjani ou Juliette Binoche, viennent de s’engager à ne plus manger de viande ou de poisson tous les lundis, quelle sera l’ampleur de la vague dans l’Hexagone ? Pour le cabinet d’études ObSoCo, le vegan restera un marché de niche en France. En revanche, « il y a bien une tendance de fond pro végétale, qui va avec la quête d’aliments sains et de naturalité », explique Véronique Varlin, la directrice d’ObSoCo.

« L’étiquette « végétarienne » impose l’idée de produit meilleur pour la santé. Mais les produits végétariens sont pour la plupart hyperindustriels, hypertransformés et bien loin du naturel rêvé. Le consommateur n’est pas toujours rationnel », souligne-t-elle. Au final, l’industrie alimentaire fait face au flexitarisme, « une vraie stratégie alternative à la viande, qui ne va pas disparaître, mais qui occupera de moins en moins de place », conclut Véronique Varlin.