Les grossistes ne veulent pas rester dans l’angle mort des plans de relance
Le commerce de gros présente un paysage très varié : du fournisseur international de matériel électrique au volailler de Rungis. Leur confédération se bat pour que le gouvernement inclue dans le dispositif d’aides au tourisme les fournisseurs des hôtels et des restaurants.
Un intermédiaire se tient toujours dans un entre-deux. C’est pour ne pas rester dans l’angle mort du gouvernement que les grossistes demandent des mesures d’aide spécifiques après la crise du coronavirus.
Du fournisseur de l’industrie, comme le spécialiste du matériel électrique Rexel, au volailler de Rungis : les revendeurs en gros affichent une grande diversité. On en compte 150.000 en France, pour un million de salariés et 790 milliards d’euros de chiffre d’affaires cumulés. Leur organisation professionnelle, la CGI (Confédération commerce de gros et international), se bat d’abord pour les fournisseurs des hôtels et restaurants.
Service complet
« Au début de la crise, raconte son directeur général, Hugues Pouzin, les grossistes en alimentation ont connu quinze jours de confusion. Ils ne savaient pas s’ils avaient le droit de travailler, comme les commerces alimentaires, ou non. Lorsqu’ils ont compris que oui, ils se sont adaptés. » Les marchés de gros, les maraîchers et autres grossistes en poissons ayant perdu les vendeurs des marchés de plein vent qui avaient fermé, ils ont organisé des systèmes de livraison directe au consommateur. Certains ont livré des supermarchés et les commerces de bouche dont l’activité s’est poursuivie. Depuis le 11 mai, le niveau de l’activité des grossistes alimentaires est remonté aux alentours des 80 %.
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« La situation a été plus difficile pour ceux que l’on appelle les grossistes à service complet », poursuit Hugues Pouzin. Ce sont les opérateurs comme Pomona, qui livrent les cantines scolaires ou les restaurants d’entreprise. « Ils n’avaient plus comme clients que les hôpitaux, les Ehpad, les prisons, la police. Et depuis le déconfinement, ils n’ont pas retrouvé les restaurants, les hôtels, les cantines scolaires, les restaurants universitaires qu’ils approvisionnent en temps normal », ajoute le dirigeant.
Les grossistes représentent plus de 72 % de l’approvisionnement en produits alimentaires et boissons de la restauration hors foyer. Un volume d’activité qui représente 20 milliards d’euros.
Touristes et voyageurs d’affaires
Dans les zones vertes, les restaurants et les cafés ont rouvert, mais le protocole sanitaire divise par deux le nombre de leurs clients. Dans les zones orange et à Paris particulièrement, seules les terrasses sont autorisées et seuls 40 % des établissements en disposent. Les Franciliens en télétravail manquent autant que les touristes étrangers. Dans la capitale, mais aussi dans certaines villes de Province, la plupart des hôtels restent fermés faute de touristes ou de voyageurs d’affaires. Cela affecte les grossistes qui en plus de l’alimentation fournissent le linge de table, les draps, le matériel de cuisine, la literie.
La CGI estime que pour ces opérateurs, la perte de chiffre d’affaires depuis le 15 mars oscille entre 50 % et 100 %. Les experts ne prévoient pas le redémarrage de l’hôtellerie avant le mois de septembre, voire le printemps 2021. C’est la raison pour laquelle la confédération demande l’inclusion de ses membres liés aux secteurs du tourisme, de la restauration et de l’hôtellerie, dans le dispositif que le gouvernement a élaboré pour la filière touristique le 15 mai. Le dispositif prévoit notamment une poursuite du chômage partiel aux conditions actuelles, un prêt garanti par l’Etat (PGE) spécifique et des mesures d’exonération de charges.
« Pour nous, c’est indispensable car en 2021 les grossistes devront en plus de rembourser leurs prêts ou d’acquitter les charges qui ont été reportées, investir lourdement dans la transition énergétique. Les élections municipales vont se terminer. Les nouveaux conseils municipaux vont s’installer et dans toutes les villes les élus essaieront de lutter contre le CO2 en réclamant des livraisons avec des véhicules propres », explique Hugues Pouzin.
Article de Philippe Bertrand – A retrouver en cliquant sur source
Source : Les grossistes ne veulent pas rester dans l’angle mort des plans de relance | Les Echos