La loi alimentation relève de 10 % le seuil de revente à perte des produits alimentaires. – Guillaume Souvant/AFP
Les prix alimentaires augmenteront vendredi de… 1,3 % en moyenne
A partir du 1er février, le seuil de revente à perte sera relevé de 10 % pour les produits alimentaires. Les articles stars des rayons jusqu’à présent très bataillés augmenteront de 5 % à 6 %. D’autres baisseront.
Quelles seront les conséquences de l’entrée en vigueur de la loi alimentation sur le panier de la ménagère ? La question agite les professionnels et des politiques depuis la tenue des Etats généraux de l’alimentation fin 2017. Le 1er février, le seuil de revente à perte sera relevé de 10 %. Cela signifie que les prix des produits vendus à prix coûtant augmenteront de 10 %. Il s’agit des produits dits « psychologiques », ceux dont les tarifs frappent l’esprit des consommateurs, comme le Coca-Cola, le Nutella ou le camembert Président. Mais toutes les enseignes ne leur appliquent pas une marge zéro. Dans un même réseau, les étiquettes varient en outre selon le niveau de concurrence local que subit le magasin. Il n’existe pas de prix national. Le sujet ne s’aborde pas de façon simpliste.
7% de l’offre concernés par les hausses
Plusieurs thèses s’opposent sur l’impact du texte sur « l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine et durable », qui limite aussi les promotions à 34 % de rabais sur 25 % des volumes. Leclerc a combattu la loi et s’accroche à sa politique de prix bas. L’UFC-Que Choisir est venue en soutien du leader français de la distribution et prévoit une inflation globale de 900 millions d’euros sur un an. Une prévision que les responsables de l’association de consommateurs ont réaffirmée ce mercredi dans les colonnes du « Parisien Aujourd’hui en France ». Michel-Edouard Leclerc pousse jusqu’au milliard.
Dans le détail, les produits phares augmenteront probablement de 5 % à 6 %. Un distributeur anonyme a indiqué au « Parisien » « 6,3 % » en moyenne sur 24 références dont l’emblématique Ricard. Ce ne sera pas la hausse du chariot des ménages. Celui-ci n’est pas composé que de grandes marques. Dominique Schelcher , le président de Système U, a précisé aux « Echos » que le relèvement du seuil de revente à perte porterait sur 7 % de l’offre des supermarchés, soit environ 1.500 références. Les supers en compte 25.000 et les hypers 60.000.
Le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, Didier Guillaume, a d’ailleurs démenti ce mercredi matin sur Franceinfo, suite à l’article du « Parisien », toute flambée des prix liée à la loi alimentation. Il estime que la hausse concernera « 500 produits sur 13.000 dans les supermarchés et 800 produits sur 20.000 dans les hypermarchés ». « Il y a 4% des produits qui vont augmenter beaucoup, je le regrette, j’aurais préféré que ça se fasse différemment », a-t-il ajouté. Au final, assure-t-il, le panier moyen mensuel des Français dans la grande distribution n’augmentera que de 50 centimes.
Flou sur le cagnottage
La guerre des prix que livrent les enseignes se déplacera sur de nouveaux terrains. Leclerc et Intermarché ont annoncé une baisse des produits à leurs marques propres, Leclerc sur 4.600 références, Intermarché sur 250. Les promotions fleurissent sur les produits du quotidien qui n’entrent pas dans le champ de la loi alimentation comme la lessive et l’hygiène-beauté. Leclerc propose dans une publicité « un acheté, un offert » pour un flacon de lessive liquide Ariel, soit « 6,99 euros au lieu de 13,98 ». Les enseignes utilisent aussi le flou de la loi sur les cartes de fidélité et le cagnottage, c’est-à-dire la possibilité d’offrir aux clients des rabais sonnants et trébuchants mais cumulés sur un compte et non utilisables immédiatement. Ce sont des baisses de prix déguisées et déportées dans le temps qui rabotent les hausses.
Au final, la société d’études IRI, qui fait référence, a fourni aux « Echos » une simulation quasi exhaustive. Celle-ci augmente de 10 % le prix des 1.000 articles les plus vendus. C’est une hypothèse « a maxima » qui débouche sur une « inflation alimentaire de 1,3 % ». Sans tenir compte des baisses qui auront lieu ailleurs dans les rayons…
En 2008, au moment de la crise financière, l’inflation des produits du quotidien est montée entre 4 % et 5 %. Jusqu’à ce que la loi de modernisation de l’économie ne redonne un vrai pouvoir de négociation aux distributeurs vis-à-vis de leurs fournisseurs.