Les spiritueux continuent de payer une note salée
La Fédération Française des Spiritueux a tiré un bilan morose des ventes en France et à l’export ces derniers mois et appelle plus que jamais l’État et les distributeurs à se montrer raisonnables dans ce contexte compliqué.
L’horizon paraît toujours aussi sombre. Après une année 2022 chaotique, tant en France qu’à l’export, le secteur des spiritueux n’est pas parvenu à relever la tête. Et cette fois-ci, tous les circuits sont touchés. La grande distribution, bien sûr, mais aussi le CHR, qui a vu ses sorties reculer de -2% l’an passé. Enfin, les ventes à l’export ont poursuivi leur dégringolade (-13,2% en volume et -12,2% en valeur) et pour ne rien arranger, les nuages s’amoncèlent au-dessus des deux plus gros importateurs de spiritueux français : les États-Unis et la Chine. La perspective des élections étasuniennes en fin d’année avec un possible retour d’une administration Trump d’un côté et de l’autre, l’enquête antidumping lancée par la Chine contre les eaux-de-vie de vin et de marc produites en Europe, dont le cognac, sont autant de menaces qui pèsent durement sur les entreprises qui exportent vers ces deux pays.
En France aussi, le contexte est explosif et plus que jamais incertain. Si le président de la Fédération Française des Spiritueux, Jean-Pierre Cointreau, ne s’est pas épanché sur la situation politique que traverse le pays suite à la dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République, il a rappelé son attachement au libre-échange.
Face aux difficultés croissantes des entreprises du secteur, qui sont 63% à déclarer avoir baissé leurs marges par rapport à 2019, la FFS demande de la stabilité, fiscale avant tout, tout en s’inquiétant des restructurations actuelles au sein de la grande distribution qui « accélèrent la constitution d’un oligopole ». « Dans un tel contexte, le gouvernement doit assurer l’équilibre des relations commerciales entre partenaires de la filière, souligne Jean-Pierre Cointreau. Il serait inconcevable de réformer les lois Egalim pour donner davantage de marges de manœuvre à la grande distribution, qui utilise déjà les centrales d’achats internationales pour contourner le cadre légal national. » Enfin, la majorité des opérateurs réclame le retour d’une date commune de fin de négociation. Autant d’attentes qui pourraient soulager une filière des spiritueux qui a rarement été aussi secouée.
Les chiffres à retenir :
- 400 000 acheteurs en moins au rayon spiritueux en grande distribution en 2023 d’après Kantar.
- -4,6% en volume pour la grande distribution sur les cinq premiers mois de l’année par rapport à 2023 d’après NielsenIQ
- 151 500 emplois soutenus en France par l’activité de production, de négoce et de distribution de spiritueux dont 20 500 en GMS.
- +28,3% pour les apéritifs sans alcool en CHR en 2023 mais qui ne représentent que 136 000 litres d’après CGA by NielsenIQ, soit 0,6 % des volumes.
- +10,1% en volume pour les exportations de spiritueux sur les trois premiers mois de l’année 2024 d’après la Fédération des Exportateurs de Vins et de Spiritueux.
- 8% de consommateurs quotidiens d’alcool en France en 2021 contre 21,5 % en 2000 d’après Santé Publique France.
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Source : https://www.rayon-boissons.com/spiritueux/les-spiritueux-continuent-de-payer-une-note-salee