L’hôtellerie française au défi de la seconde vague

Après un redémarrage de l’activité hôtelière cet été en France, le mois de septembre a été marqué par un coup d’arrêt, tandis que l’épidémie de Covid-19 repart. « Les Echos » se sont procurés les chiffres du cabinet MKG qui fait référence. Les professionnels redoutent une fin d’année difficile.

Après le choc du confinement, l’hôtellerie française va-t-elle subir une deuxième vague d’annulations ? Redoutée à la fin de l’été, la rentrée de septembre a été marquée par une rechute globale de l’activité, et la plus grande incertitude règne pour les prochains mois.

Alors que le voyage d’affaires , l’événementiel et les salons prennent traditionnellement le relais de la demande touristique et font « tourner » les établissements à l’automne-hiver, ces moteurs de l’activité hôtelière sont en panne. Le secteur est touché gravement par les restrictions sanitaires, et le coup d’arrêt de bien des entreprises, tandis que les visiteurs étrangers se font toujours rares. « Le retour de la demande est très mou. C’est la soupe à la grimace. L’hôtelier est content quand il a un taux d’occupation de 50 % », résume le directeur général de MKG, Vanguelis Panayotis.

« La soupe à la grimace »

Selon les chiffres du cabinet d’études et de conseil spécialisé auxquels « Les Echos » a eu accès, le taux d’occupation (TO) moyen des hôtels français s’est établi à 44,4 % en septembre (-33,1 points comparé au même mois en 2019), en recul de près de cinq points par rapport au mois d’août caractérisé par les « vacances « bleu blanc rouge » des Français », selon la formule du ministre du Tourisme Jean-Baptiste Lemoyne. La reprise amorcée en mai qui s’était renforcée mois après mois, s’est enrayée avec la fin de la saison estivale. Le secteur revenait alors de loin, ayant touché un niveau plancher en avril avec un taux d’occupation moyen de 4,4 % d’après MKG.

« Il y a une rupture à partir du 20 août, au moment où l’on reparle de l’épidémie », observe Fabrice Collet, le PDG de B & B Hotels . La troisième chaîne du segment économique en Europe est l’une des rares enseignes à faire bonne figure. « A l’équilibre avec un taux d’occupation de 50 % », affirme son dirigeant, elle témoigne de la résilience de l’hôtellerie économique, qui s’appuie d’abord sur la demande domestique.

Décalage entre Paris et la province

En septembre, le taux d’occupation des établissements varie ainsi entre les catégories super-économique et le haut de gamme de 53,7 % à 28,4 %, soit un recul de la fréquentation par rapport à septembre 2019 de 19,7 % et de 55,4 % respectivement. Le décalage se confirme également entre Paris et sa région, qui subissent de plein fouet l’effondrement du voyage d’affaires et de la vague d’annulations d’événements, et la province qui résiste bien mieux.

En cumul sur les neuf premiers mois de l’année, l’activité à Paris plonge de 61,1 % par rapport à la même période de 2019, avec un TO de 26 %, à comparer à 50,8 % en province (-23,5 points). « La situation est catastrophique », se désole le président de Paris Inn, Jean-Bernard Falco, à la tête de 24 établissements 4 ou 5 étoiles dans la capitale.

Soutien de l’Etat

L’inquiétude est à son comble chez les hôteliers car « l’horizon est bouché », constate ce dernier. « C’est la « cata » avec l’annulation des congrès cette semaine », ajoute-t-il. « Il y a un manque criant de visibilité et le climat est anxiogène. Les dernières décisions sanitaires sont un coup de frein supplémentaire », constate le président du Groupement des chaînes, Jean-Virgile Crance. Le directeur national du pôle Tourisme/Hôtellerie de KPMG France, Stéphane Botz, ne s’attend pas à un « début de reprise avant mai-juin 2021 » .

« En attendant, il faudrait que le soutien de l’Etat au secteur soit prolongé jusque-là », ajoute-t-il et en particulier le dispositif de chômage partiel qui court désormais jusqu’à fin décembre, « ce qui n’est malheureusement pas suffisant », estime le directeur national du pôle Tourisme/Hôtellerie de KPMG France. De son côté, le directeur général de MKG ne voit « pas de rebond avant septembre 2021 ». Mais il craint « un quatrième trimestre 2020 sanglant, en l’absence de plan de relance ».

Malgré une crise sans précédent, les professionnels de l’hôtellerie restent confiants dans ses fondamentaux et ses perspectives. Le patron de B & B Hôtels se dit « prêt à accélérer davantage encore » son développement. « Je reçois beaucoup de coups de fil d’investisseurs », assure, de son côté le directeur général délégué de Covivio, Dominique Ozanne, en charge du pôle hôtelier du groupe immobilier. « Certains opérateurs sortiront renforcés de cette crise », ajoute-t-il. Dans l’immédiat, le problème de financement d’AccorInvest , le principal partenaire d’Accor et sa filiale à 30 %, montre qu’elle frappe aussi bien les petits que les gros acteurs.

Article de Christophe Palierse – A retrouver en cliquant sur Source

Source : L’hôtellerie française au défi de la seconde vague | Les Echos