Le groupe français va vivre le premier exercice de son histoire sous la pression d’un nouvel actionnaire particulièrement exigeant.

A l’automne, Alexandre Ricard avait de quoi se réjouir. Après cinq ans passés à la tête du groupe créé par son grand-père, le patron de Pernod Ricard pouvait se féliciter d’aborder des eaux plus sereines sur les deux rivages clefs de l’Amérique du Nord et de la Chine. Les difficultés rencontrées sur ces deux immenses marchés s’étaient largement résorbées. Le retour à une croissance substantielle était là,  la dette consécutive au rachat de la vodka suédoise Absolut avait été fortement diminuée et les perspectives d’accélération de l’activité étaient plus qu’encourageantes.  Quand tout à coup l’un des activistes les plus redoutés, le fonds américain Elliott , s’est jeté sur le groupe agroalimentaire français. Un scénario pour lequel les entreprises du CAC 40 et les pouvoirs publics français, ont peu de goût.

Les coups d’Elliott

Après avoir acquis 2,5 % du capital, Elliott a annoncé la couleur dans un courrier adressé à sa cible dans lequel il demande au Conseil de « rester ouvert à une fusion avec un autre grand acteur des spiritueux ». Une des pires hypothèses à mettre sur la table d’un groupe, où souffle très fort l’esprit de la famille fondatrice, qui détient 15 % du capital et 21,9 % des droits de vote. Pernod Ricard est géré comme un patrimoine et n’a pas vocation à se marier. L’indépendance y est une seconde nature.

Elliott ne voit pas les choses du même oeil. Et attaque très fort. « La gouvernance est inadaptée. La culture est peu ouverte sur l’extérieur ». La famille a trop d’influence au regard de son poids réel, estime le fonds américain. « Pernod Ricard a sous-performé » par rapport à ses principaux concurrents. Le groupe est « une blue chip en France mais en queue de peloton au niveau mondial ».

La défense de Ricard

Alexandre Ricard a reçu Elliott et  s’est défendu point par point . S’appuyant sur une croissance interne du chiffre d’affaires de 6 % et de 6,3 % du résultat courant, dans les deux cas supérieurs aux engagements pris après des actionnaires en 2015. En 2018-19, le ROC aura augmenté de 5 à 7 %. En trois ans, le groupe a créé 11 milliards d’euros de valeur. L’action a gagné 37,7 % quand la moyenne du CAC 40 était de 5,6 %. La présentation le 7 février des résultats financiers du premier semestre 2018-19 sera une autre occasion d’affirmer l’accélération de la relance. Pas de décourager Elliott.