Unilever possède six des dix plus grandes marques mondiales de crèmes glacées : Magnum, Ben & Jerry's, Carte d'Or, Cornetto, Miko, Solero, Viennetta.Magnum, Ben & Jerry’s, Carte d’Or… Unilever prêt à se délester de ses marques de glaces

Le géant anglo-néerlandais de l’agroalimentaire et de l’hygiène veut introduire en Bourse sa division glaces d’ici à la fin de l’année. Le nouveau patron, Peter Ter Kulve, va devoir calmer le jeu avec Ben & Jerry’s.

Unilever possède six des dix plus grandes marques mondiales de crèmes glacées : Magnum, Ben & Jerry’s, Carte d’Or, Cornetto, Miko, Solero, Viennetta. (Shutterstock)

C’est le dossier chaud sur le marché de la crème glacée. Le géant Unilever s’est fixé ce mardi comme date cible pour faire fonctionner de façon autonome son activité glaces, sous la bannière The Magnum Ice Cream Company (TMICC). Une étape indispensable avant la cotation à Amsterdam (Londres et New York en cotation secondaire), programmée pour la fin de l’année.

Il y a quelques jours, la presse a annoncé que l’actuel président de la division Crèmes glacées d’Unilever, Peter Ter Kulve, était pressenti pour prendre la direction générale de TMICC. Selon Reuters, il devrait recevoir l’aval du conseil d’administration du numéro un mondial de la glace – et numéro deux de l’agroalimentaire – durant ce mois de juillet.

Six des dix plus grandes marques

Après un temps d’hésitation et une éventuelle cession à un prix qui aurait pu atteindre 18 milliards d’euros, Unilever a finalement fait le choix d’une scission avec cotation séparée pour cette activité relativement peu performante ces dernières années par rapport au reste de son portefeuille.

L’an dernier, la catégorie a enregistré une croissance de 3,7 % (dont 1,2 % via des hausses de volume) – avec un chiffre d’affaires de 8,3 milliards d’euros (14 % du résultat total du groupe) – là où la beauté (Dove, Vaseline, etc.) a crû de 6,5 % (dont 5,1 % en volume) et les soins personnels (Axe, Rexona, etc.) de 5,2 % (3,1 % en volume).

Avec six des dix plus grandes marques mondiales de crèmes glacées – Magnum, Ben & Jerry’s, Carte d’Or, Cornetto, Miko, Solero, Viennetta -, Unilever était jusqu’ici un géant de la glace. Mais sous la pression de ses investisseurs, le groupe anglo-néerlandais explique ne plus vouloir assumer les charges élevées que ce segment suppose – lié notamment à la chaîne du froid – et le caractère saisonnier des ventes. Sans compter l’inflation sur le cacao ou les produits laitiers.

« Les crèmes glacées sont une activité qui a un mode de vie très différent des autres activités d’Unilever : c’est une activité concentrée dans les marchés matures, saisonnier, avec une chaîne logistique très singulière », estime Pierre Tegnér, analyse chez Oddo BHF. « C’est là qu’il y a le moins de synergies. »

Recentrage

En agissant ainsi, Unilever emboîte le pas à un autre ex-géant de la crème glacée, Nestlé. En 2019, le groupe suisse avait cédé son activité de glaces aux Etats-Unis à Froneri, une coentreprise avec le fonds d’investissement PAI. « Nestlé était le seul à pouvoir faire un tel rapprochement, car il a bien moins réussi à premiumiser sa gamme et s’est retrouvé plus exposé à la concurrence des marques de distributeurs (MDD). Là où Unilever a réussi à monter en gamme et couvrir tous les segments de la demande », souligne Pierre Tegnér.

Sur le temps long, Unilever opère de plus en plus un recentrage sur ses activités de soins et d’hygiène. Le groupe a par exemple cédé ses plats surgelés ou encore ses margarines. Avec le départ des crèmes glacées, l’alimentation ne pèsera plus que 25 % du chiffre d’affaires du conglomérat.

Si les analystes s’attendent à une certaine prudence de la part d’Unilever dans la définition des conditions de l’entrée en Bourse de la Magnum Ice Cream Company, pour éviter de froisser ses propres actionnaires, l’entreprise de glaces pourrait être séduisante pour de nouveaux investisseurs. « C’est une activité facile à comprendre, oligopolistique, avec les centres urbains des pays émergents à conquérir », liste Pierre Tegnér.

Tensions avec Ben & Jerry’s

TMICC a enregistré de meilleurs résultats au premier trimestre 2025, avec une croissance des ventes de 4 % en valeur et de 1,8 % en volume (portés notamment par les glaces consommées à domicile), mais la nouvelle entité aura à gérer le cas délicat de Ben & Jerry’s au sein du portefeuille.

Les tensions sont fortes entre Unilever – et le futur patron de TMICC – et le fabricant de glaces aux prises de position politiques et sociétales assumées.

En mars, deux ans à peine après avoir pris les commandes de Ben & Jerry’s, Dave Stever a été limogé par la maison mère. En cause, ses prises de position, notamment pro palestiniennes, dans la guerre avec Israël. Le fabricant de glaces a déposé deux plaintes contre Unilever. Et rien ne dit que la situation s’apaise au sein de TMICC.

Par Paul Turban – A retrouver en cliquant sur Source

Source :https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/magnum-ben-jerrys-carte-dor-unilever-pret-a-se-delester-de-ses-marques-de-glaces-2174202