Le Président du conseil, Benoît Herault, annonce son départ. La Martiniquaise pourrait accroître sa participation de 29,5 % à 47 % du capital.

L’accalmie chez Marie Brizard (MBWS) aura finalement été de courte durée. Après avoir défrayé la chronique sous le nom de Belvédère  pendant des années avant de renouer avec les bénéfices en 2015 et 2016, le troisième groupe de spiritueux français doit à nouveau gérer une situation financière des plus délicates.

L’entreprise a enregistré une perte nette de 67,3 millions d’euros en 2017 pour un chiffre d’affaires de 423 millions d’euros. L’excédent brut d’exploitation (Ebitda) est tombé à -11,9 millions d’euros sur la période. Et l’année 2018 n’a montré aucune amélioration, bien au contraire. MBWS s’attend à un Ebitda se situant entre -25 et -28 millions d’euros sur l’an dernier.

Des promotions non contrôlées

Marie Brizard a fait les frais d’une guerre commerciale redoutable sur la vodka en Pologne , où le groupe aurait consenti « des rabais inconsidérés » et « non contrôlés » selon nos informations. En 2018, le marché français des spiritueux a été « difficile » et les ventes de vodka aux Etats-Unis « compliquées ». Face à ce gros temps, Benoît Herault, le président du Conseil a été prié de quitter le groupe. « En 2018, notre situation s’est fortement dégradée. J’ai accepté à la demande du Conseil d’administration de prendre les fonctions de directeur général avec pour principale mission de doter le groupe d’un nouveau directeur général. C’est désormais chose faite », a-t-il déclaré dans un communiqué. Il dit avoir trouvé « une solution pour assurer la continuité d’exploitation ». Un nouveau plan stratégique sera présenté dans le courant du premier trimestre.

La Cofepp pourrait porter sa participation à 47 %

Dans les faits, la Cofepp (holding de tête de La Martiniquaise) et premier actionnaire avec 29,5 % des parts s’est engagée à renforcer sa prise de participation et, en attendant, prête 25 millions d’euros à MBWS. Une première option prévoit que la Cofepp souscrive une augmentation de capital de 37,7 millions d’euros qui lui serait réservée. Celle-ci porterait sa participation à 37,7 %. L’augmentation de capital prévoit en outre 15 millions d’euros en bons de souscription (BSA), qui pourrait permettre à la Cofepp de monter à 47 %. Cette première option a la faveur du conseil. Une seconde option porte sur une augmentation de capital de 35 millions d’euros avec le maintien du droit préférentiel de souscription des actionnaires.

Colette Neuville intervient

Le Conseil d’administration a aussi nommé un expert indépendant « chargé de rendre une attestation d’équité sur l’augmentation de capital réservée à Cofepp », à la demande de la société BDL Capital Management, qui détient 7,1 % du capital.

Colette Neuville, qui prend traditionnellement la défense des actionnaires minoritaires, a adressé un courrier à l’AMF en fin d’année demandant la nomination d’un expert indépendant afin de vérifier le caractère équitable des modalités d’augmentation de capital. Le cabinet Ledouble a été nommé le 10 janvier. Pour Colette Neuville, « l’information financière donnée par la société durant ces dernières années fait l’objet d’interrogations, voire de suspicions sur son exactitude et sa sincérité ».