Le distributeur s’attend en 2019 à un recul de son excédent brut d’exploitation (Ebitda) de 2 % à 6 % en raison des coûts liés au numérique et à ses difficultés en Russie. – Shutterstock
Metro, le géant allemand de la distribution, en plein doute
Le groupe allemand poursuit sa cure d’amaigrissement. Les intentions de son nouvel investisseur, l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky, restent floues.
Mais que vient chercher Daniel Kretinsky dans les rayons de Metro, l’étoile déclinante de la distribution allemande ? C’est la question que se pose l’Allemagne depuis l’entrée surprise cet été du milliardaire tchèque au capital du groupe, avec une participation de près de 11 %. Ce sera aussi le grand sujet des discussions qui animeront l’assemblée générale de Metro, qui se tient ce vendredi à Düsseldorf. Un événement où l’hommes d’affaires, qui a déjà investi dans des activités charbonnières dans l’est de l’Allemagne comme dans des médias français (« Marianne », « Le Monde » ), brillera par son absence, croit savoir « Der Spiegel ».
Cette assemblée générale marquera l’histoire du groupe : c’est la première depuis le désengagement du holding familial Haniel, principal actionnaire (22,5 % du capital) qui accompagnait fidèlement Metro depuis plus de cinquante ans. Haniel a cédé fin août une première participation de 7,3 % dans Metro à EP Global Commerce (EPGC), détenu par Daniel Kretinsky et son partenaire slovaque Patrik Tkac. Moins d’un mois plus tard, le duo a racheté 3,6 % des actions du groupe à Ceconomy, la nouvelle entité regroupant depuis l’été 2017 les marques d’électronique grand public Saturn et Mediamarkt auparavant intégrées à l’empire Metro.
Options d’achat
EPGC détient aussi des options pour racheter deux tranches d’actions supplémentaires à Haniel et Ceconomy. L’ensemble lui permettrait de dépasser les 30 %, seuil qui l’obligerait à soumettre une offre de reprise aux autres actionnaires du groupe.
Mais pour l’heure, le mystère reste entier sur les intentions d’EPGC, qui n’a pas répondu aux sollicitations des « Echos ». « Nous voulons utiliser la période d’exercice de notre option d’achat pour conforter notre conviction que nous pourrions jouer, en tant qu’actionnaire, un rôle positif pour l’entreprise et soutenir de manière adéquate son évolution future », commentait Daniel Kretinsky cet été à l’annonce de la transaction avec Haniel. En novembre, l’homme d’affaires de 43 ans déclarait avoir « encore » besoin « de temps pour apprendre à connaître réellement l’entreprise et son modèle commercial », raconte le quotidien « Handelsblatt ».
Réduction de taille
En attendant la décision du nouvel investisseur, Olaf Koch, à la tête de Metro depuis sept ans, continue de réduire la taille de l’ancien colosse de la distribution exclu en 2012 du Dax, l’indice vedette de la Bourse de Francfort. S’il reste présent dans 35 pays avec son réseau d’hypermarchés de gros (« cash & carry »), son chiffre d’affaires de 35,6 milliards d’euros au terme de son exercice 2017-2018, a baissé de 1,6%, pour un excédent brut d’exploitation (Ebitda) en recul de 5,3%, à 1,5 milliard.
Et Metro ne cesse de lâcher du lest : le groupe d’environ 150.000 salariés a cédé ses grands magasins Galeria Kaufhof, avant de se séparer de son pôle électronique (Mediamarkt, Saturn). Sa dernière grande transaction en vue : la mise en vente de sa chaîne de supermarchés Real, que le groupe ambitionne de boucler d’ici à mai ou juin. Son chiffre d’affaire sera alors ramené à moins de 30 milliards