
Metro résiste encore et toujours aux assauts de Kretinsky
L’étoile ternie de la grande distribution allemande a rejeté l’offre du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky et de son partenaire Patrik Tkac. Les administrateurs du groupe jugent l’offre sous-évaluée.
Vade retro Křetínský. Pour la deuxième fois, les conseils d’administration et de surveillance du géant allemand de la distribution Metro ont rejeté jeudi l’offre d’achat du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky et de son partenaire Patrik Tkac.
Mi-septembre, la Holding de Kretinsky EP Global Commerce (EPGC) avait fait une offre de 8,48 euros par actions ordinaires et 8,89 euros par action préférentielle. Un prix minimum légal qui lui aurait permis de dépasser le seuil de 30 % des droits de vote et de « pouvoir agir avec plus de souplesse à l’avenir sans avoir à faire une offre obligatoire », avait expliqué la holding en septembre.
Mais la réponse est toujours non. Les administrateurs du groupe jugent l’offre sous-évaluée et conseillent à leurs actionnaires de la rejeter. Les deux grands actionnaires historiques Beisheim et Meridian, qui détiennent à eux deux 23,06 % de Metro, campent sur leurs positions défensives en confirmant qu’ils conservent leurs parts.
Guerre tranchée avec Metro
Ce rejet confirme les craintes qu’inspire l’élégant quadragénaire en Allemagne. En France, Daniel Kretinsky s’est fait un nom dans la distribution avec le groupe Casino et dans les médias avec ses entrées au « Monde », « Marianne » ou « Elle ». Outre-Rhin, il est surtout connu pour son arrivée fracassante dans la chaîne de télévision ProSiebenSat.1, l’un des plus grands groupes audiovisuels européens, et sa guerre de tranchée avec Metro.
L’attaque dure depuis plus d’un an. Début 2019, Kretínský avait déjà échoué avec une offre à 16 euros pour les actions ordinaires et 13,80 euros par action préférentielle. L’opération lui aurait en principe coûté 5,8 milliards d’euros, selon la presse allemande, mais elle a avorté, faute d’atteindre le seuil d’acceptation de 67,5 % que Křetínský s’était fixé.
Dans cette seconde attaque, financée par BNP Paribas et Société Générale, le milliardaire Tchèque aurait dû mettre environ 3,1 milliards d’euros sur la table. Un solide montant pour le rachat de l’entreprise de Düsseldorf qui n’est pourtant plus que l’ombre d’elle-même, après avoir été l’un des trois premiers groupes de distribution mondial. La capitalisation de 3,1 milliards d’euros ne dépasserait que de 300 millions d’euros la valeur comptable des actifs immobiliers du groupe.
Vente à la découpe
L’actuel patron, Olaf Koch, tente depuis des années de redresser la barre en se recentrant sur les activités de grossiste. Dans la bataille, Metro s’est déjà séparé de Kaufhof et de la chaîne de supermarchés Real. La manoeuvre serait pourtant trop lente aux yeux de Daniel Kretinsky, croit savoir la presse allemande. L’investisseur, qui se voyait déjà à la barre il y a plus d’un an, avait fait le tour des employés et clients en les assurant de ses bonnes intentions.
La direction de l’entreprise craint pourtant une vente à la découpe de ce qui reste du groupe, dont la valeur réside désormais plus dans l’immobilier que dans le commerce. Olaf Koch prend toutefois sa retraite à la fin de l’année, et l’heure de la fin de la bataille n’a pas encore sonné.
Article de Nathalie Steiwer – A retourver en cliquant sur Source
Source : Metro résiste encore et toujours aux assauts de Kretinsky | Les Echos