Moins de vins, plus de bières, de cocktails et de vente en ligne : le marché de l’alcool s’agite

De tous les alcools consommés, seul le vin devrait reculer sur la période 2018-2022, selon le cabinet IWSR. La plus forte croissance viendra des boissons préparées, suivies par le cidre. Les ventes en ligne, tirées par la Chine, devraient davantage progresser que le marché mondial. Le « sans alcool » devrait fortement progresser.

Les prévisions de IWSR (International Wine and Spirit Record), spécialiste des données du marché international des vins et spiritueux, ne sont pas de nature à remonter le moral des exposants du  salon Wine Paris-Vinexpo , ouvert jusqu’à mercredi Porte de Versailles.

Alors que l’épidémie de coronavirus en Chine bouleverse les échanges et que  les taxes Trump ont fait chuter les ventes de vins français aux Etats-Unis de 44 % en novembre, les exportateurs vont devoir trouver de nouvelles pistes pour relancer le commerce. Le vin est, en effet, le seul alcool dont les ventes devraient reculer, certes de 0,2 % seulement, sur la période 2018-2022, estime IWSR, surtout à cause du ralentissement en Chine. Les vins pétillants, grâce à leur succès aux Etats-Unis, en Italie et en Russie, restent néanmoins sur une pente ascendante.

A l’inverse des vins « tranquilles » (non pétillants), les mélanges préparés, portés par les marchés américains et japonais, devraient enregistrer un bond de 5,6 % sur cette période. Quant au cidre, très apprécié des Britanniques et des Sud-Africains, il est lui aussi promis à une meilleure croissance, de 2 %, que tous les autres alcools. Les ventes de bière devraient augmenter de 0,7 % et les spiritueux devront se contenter d’un petit +0,6 %.

Explosion du commerce en ligne

Côté réseaux de distribution, c’est le commerce en ligne, tous produits confondus, qui devrait le plus croître sur la période selon IWSR. Grâce à une progression annuelle moyenne attendue de 17 %, il va passer de 20,7 milliards de dollars en 2019 à 45,5 milliards en 2024, prévoit le cabinet d’études. Johnny Walker (Diageo) s’y est fait une place de choix. Son partenariat avec la série « Game of Thrones » lui assure une grande visibilité sur les réseaux sociaux et auprès d’un public familier de l’Internet. Quant à celui conclu avec Amazon, il lui ouvre les portes du géant mondial du e-commerce.

Très fortement tiré par la Chine, le e-commerce fera mieux que le marché mondial. Les ventes en ligne représentent le deuxième pôle de croissance en France mais dans une proportion trois fois moindre que la Chine.

L’autre grand changement vient des attentes des plus jeunes. Les moins de 25 ans, « la génération Z », boivent  moins d’alcool, voire pas ou peu . Et attend une offre plus abondante et plus diversifiée sur ce segment que celle qu’ils trouvent aujourd’hui. « C’est un nouveau marché et une demande à satisfaire », dit IWSR. Les géants des spiritueux, comme le leader mondial Diageo et le français Pernod Ricard, s’y sont attelés. Ils proposent notamment du whisky ou du gin sans alcool. Mais il ne s’agit là encore que de très faibles volumes.

Eaux gazeuses alcoolisées

Seuls les brasseurs ont une vraie réponse, pour l’instant, et des objectifs de développement important, jusqu’à réaliser 10 % de leurs ventes ainsi d’ici cinq ans, comme le numéro un mondial AB InBev. La tendance à réduire la consommation d’alcool répond d’abord à des préoccupations de santé, en second lieu au désir de perdre du poids.

Les « hard seltzers », ces eaux gazeuses aux fruits, légèrement alcoolisées répondent parfaitement aux attentes de la génération Z américaine. Le segment a littéralement explosé en six ans jusqu’à totaliser 742 millions de litres, précise IWSR. Et la moitié des consommateurs y rajoutent de l’alcool, souvent du gin.

Article de Marie-Josée Cougard -Les Echos A retrouver en cliquant sur Source

Source : Moins de vins, plus de bières, de cocktails et de vente en ligne : le marché de l’alcool s’agite | Les Echos