Nestlé : l’inquiétante baisse de régime du leader mondial de l’agroalimentaire

DÉCRYPTAGE – La croissance de sa marque phare Nespresso et de ses produits pour animaux de compagnie a ralenti au premier trimestre.

Nestlé connaît décidément un début d’année difficile. Secoué par des interrogations de ses actionnaires sur la qualité de son portefeuille de produits, et par celles des autorités sanitaires et des consommateurs sur les conditions d’embouteillage de ses précieuses eaux minérales (Perrier, Vittel, Contrex, Hépar…), le groupe suisse a fait état, ce jeudi, d’un net affaissement de sa croissance organique sur les trois premiers mois de l’année. Sur la période, celle-ci a atteint 1,4 %, à 23,47 milliards de francs suisses (24 milliards d’euros). Soit très en deçà des 7,2 % enregistrés en 2023, durant laquelle son chiffre d’affaires avait été poussé par la hausse de ses prix pour compenser celle de ses charges.

Nestlé ayant levé le pied sur ce levier tarifaire ces derniers mois, ce ralentissement du rythme de croissance était attendu. En revanche, le leader mondial de l’alimentation a fait état d’une dégradation de ses volumes inattendue, avec une croissance interne réelle (RIG) sur la période en retrait de 2 %, ce qui révèle une baisse des volumes entre 1 % et 1,5 %, selon les analystes de Vontobel.

Seules les confiseries sont en hausse

Ce recul est supérieur aux prévisions de certains analystes, et contraire aux priorités données par le groupe lors de ses résultats annuels. Dans la foulée, le titre du groupe a d’ailleurs cédé 2,34 % jeudi à la Bourse de Paris, clôturant à 91,78 francs suisses. Si le propriétaire de Nescafé, Maggi, Kitkat, Perrier ou Nesquik avait déjà subi l’an dernier les effets de ses hausses de prix sur ses volumes – en baisse de 2,5 % en 2023 -, il avait expliqué en février vouloir « donner la priorité à une croissance axée sur le volume et le mix produits en 2024 », notamment sur ses marques milliardaires (celles réalisant plus de 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires, NDLR). Or même sur celles-ci, le début d’année a été poussif.

Ainsi, sa marque phare Nespresso (6,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2023) et ses produits pour animaux de compagnie (Purina) affichent un retrait de leur croissance interne de 0,2 % et 0,4 % respectivement, toujours sur les trois premiers mois de l’année. C’est certes mieux que la plupart des autres divisions, mais moins bien que les activités de confiserie de Nestlé (+ 0,4 %).

Surtout, c’est un net ralentissement pour ce qui avait été les deux moteurs de croissance de groupe ces dernières années, le leader mondial de l’alimentaire s’étant engagé dans une stratégie d’assainissement de son portefeuille de marques. Pour expliquer ce constat, le groupe évoque un calendrier de jours ouvrés moins favorable en ce début d’année qu’au démarrage de 2023. Les commandes des plateformes d’e-commerce tierces vendant ses célèbres capsules ont aussi été plus tardives cette année.

« Les performances de nos activités café sous-estiment la force de la catégorie, a ainsi estimé Anna Manz, nouvelle directrice financière de Nestlé lors d’une conférence téléphonique. La demande de café reste forte et nous continuons à gagner des parts de marché. »

Hausses de prix ciblées sur Nespresso

Alors que la consommation de café portionné est titillée par le boom du café en grains, plus abordable pour le consommateur, le géant de Vevey compte aussi désormais cibler très précisément les hausses de prix de ses célèbres capsules, marché par marché. Il explique pouvoir se permettre cette modération grâce à la forte proportion d’arabica dans ses capsules, dont les cours ont évolué plus modérément que ceux du robusta depuis un an.

Sur sa division « petfood » pour les animaux de compagnie, Nestlé explique que ce sont la fin des hausses de prix qui ont pesé sur les performances. « Les fondamentaux sont bons, avec encore une hausse de près de 2 % des animaux de compagnie aux États-Unis, selon le dernier baromètre Nielsen », a détaillé Nestlé lors des remarques préliminaires partagées jeudi avec les analystes. Au-delà des aléas de calendrier sur cette activité, le groupe souligne en effet une attention persistante des consommateurs pour les aliments et le bien-être de leurs compagnons à quatre pattes.

Relance forte de l’innovation

Sa filiale Purina compte bien soutenir cette demande en relançant l’innovation, quelque peu mise en veille pendant la période inflationniste post-Covid. « Rien qu’aux États-Unis, 100 nouveaux produits dans la gamme de soins de Purina sont prêts à être lancés », précise Ulf Mark Schneider, le patron du géant suisse.

À plus long terme, le géant de Vevey confirme sa capacité à terminer l’année sur une croissance organique de ses ventes d’environ 4 %, et sur une augmentation « modérée » de sa marge opérationnelle courante récurrente. En septembre dernier, il a aussi indiqué viser un bond de 50 % des ventes de ses aliments notés « bons pour la santé » d’ici à 2030. Un chemin de très longue haleine, à nouveau questionné lors de son assemblée générale le 18 avril dernier.

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