Nestlé obtient un feu vert sous conditions pour l’appellation « eau minérale » de Perrier

Nestlé Waters va pouvoir continuer d’embouteiller l’eau issue de deux sources sur cinq de Vergèze, avec l’appellation « eau minérale naturelle ». La préfecture du Gard réclame en revanche des contrôles renforcés dans les deux années à venir.

L’horizon s’éclaircit pour Nestlé Waters. L’entreprise suisse a obtenu du préfet du Gard l’autorisation de poursuivre l’exploitation de deux forages à Vergèze, pour produire des bouteilles de Perrier avec l’appellation « eau minérale naturelle », a annoncé ce vendredi la préfecture. Une victoire assortie toutefois d’un renforcement des contrôles.

« Cette décision a été accueillie avec beaucoup de soulagement par toutes les équipes », s’est félicitée dans un communiqué Laure Goutagneux, directrice générale de Nestlé Waters France. L’entreprise suisse, au coeur d’une vaste polémique depuis plusieurs années, s’engage à « continuer à travailler avec la plus grande rigueur sous le contrôle des autorités et selon leurs directives ».

Contrôles renforcés

Dans le détail, Nestlé Waters obtient l’autorisation d’exploitation pour ses deux principaux captages, nommés Romaine VI et Romaine VII, les seuls pour lesquels l’entreprise avait demandé le renouvellement de l’autorisation. Pour les trois autres, la préfecture du Gard impose « la disconnexion hydraulique […], avec le démantèlement des canalisations ».

Le préfet du Gard impose toutefois « un contrôle sanitaire renforcé d’une durée de 24 mois » sur les deux forages toujours en exploitation, en plus de la surveillance quotidienne des captages et produits finis prévue par la loi. Dans deux ans, Nestlé Waters devra attester de la stabilité de la composition minérale de l’eau, la pureté originelle et la protection suffisante de la nappe exploitée, autant de conditions qui définissent l’appellation « eau minérale naturelle », très encadrée.

Incertitude sur la microfiltration

Point intéressant, la préfecture demande également, « dans un délai d’un an à compter de la notification du présent arrêté, une étude complémentaire de l’impact de l’effet du traitement de microfiltration à 0,45 micron sur le microbisme de l’eau minérale ». Ce dispositif de filtration est accusé par les concurrents de Nestlé d’avoir été installé à des fins de désinfection, ce qui est interdit pour les eaux minérales naturelles.

Pour l’association Foodwatch, « cette décision est incompréhensible » car Nestlé « n’a démontré que partiellement que les traitements de microfiltration à 0,45 micron n’avaient pas d’impact sur le microbisme naturel de l’eau », selon l’Autorité régionale de la santé d’Occitanie citée par « Le Monde ». L’association estime que « la fraude, qui consiste à filtrer les eaux en bouteille, demeure caractérisée ».

Nestlé Waters devra d’ailleurs en répondre devant la justice prochainement. Bonneval Emergence, l’un de ses derniers concurrents entrés sur le marché des eaux en bouteille en France, a assigné l’entreprise suisse devant le tribunal de Nanterre. Il réclame 1,6 milliard d’euros pour « concurrence déloyale ».

Nestlé est toujours à la recherche d’un « partenaire » pour exploiter ses eaux minérales, une manière de se désengager partiellement. Il y a quelques semaines, un acteur au fait des tractations expliquait toutefois aux « Echos » qu’aucune négociation avancée n’était en cours. La décision de ce vendredi pourrait permettre de débloquer ce dossier.

Par Paul Turban – A retrouver en cliquant sur Source

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