Nestlé et Danone dominent le marché du creamer aux Etats-Unis et ont développé des versions végétales.Nestlé surfe sur le boom de la consommation de café à domicile aux Etats-Unis

Le groupe suisse va construire pour 675 millions de dollars une usine de «creamer» dans l’Arizona, un produit pas toujours diététique destiné à adoucir le café. Déjà leader sur ce marché aux Etats-Unis, Nestlé monte en gamme avec ses produits Starbucks.

Nestlé et Danone dominent le marché du creamer aux Etats-Unis et ont développé des versions végétales. (Véronique Le Billon/Les Echos)

Le mot n’est pas facile à traduire, mais il fait les affaires de l’agroalimentaire aux Etats-Unis. Nestlé vient d’annoncer un investissement de 675 millions de dollars (615 millions d’euros) en Arizona pour construire une usine de « creamer ». Le creamer est, dans son esprit originel, ce nuage de crème légère ajoutée au café pour l’adoucir. La réalité américaine est plus complexe, et moins diététique. En liquide ou en poudre, le « rehausseur » de café est le plus souvent aujourd’hui un mélange de sucre, d’huile (parfois de palme) et d’arôme (souvent artificiel).

A 4,27 milliards de dollars de chiffre d’affaires, le marché du creamer est déjà jugé mature aux Etats-Unis, mais il a encore progressé de 5,4 % l’an dernier, après une année de pandémie qui avait dopé ses ventes (+15 % par rapport à 2019), selon les données de NielsenIQ. De quoi justifier l’investissement du géant suisse. « Les boissons jouent un rôle de plus en plus important dans la vie des consommateurs, une tendance qui a été accélérée par la pandémie et qui devrait continuer à se développer », a expliqué Daniel Jhung, le président Boissons de Nestlé USA, lors de l’annonce du projet.

Le boom du café à la maison

« Avec un cadre de travail plus flexible et plus de travail à distance, davantage de café sera consommé à domicile, même après la pandémie », a renchéri le PDG de Nestlé, Mark Schneider, lors des résultats annuels de Nestlé fin février. « Nous perdrons peut-être une tasse de café hors de la maison, mais notre part de marché à la maison est évidemment beaucoup plus forte, et nous allons donc bénéficier de ce développement. » Dans la dernière étude de la National Coffee Association publiée mi-mars, deux sondés sur trois avaient bu du café la veille, un chiffre plus élevé « que n’importe quelle autre boisson, y compris l’eau du robinet ».

L’usine de Nestlé, qui doit entrer en service en 2024, doit permettre au groupe de conforter sa position de leader sur le marché américain du creamer. Avec sa marque phare CoffeeMate, le groupe suisse devance déjà nettement le numéro deux du marché, International Delight, tombé dans l’escarcelle du français Danone lors du rachat de l’américain WhiteWave, il y a cinq ans.

Accord avec Starbucks

Nestlé profite désormais de l’accord signé par avec Starbucks , en 2018, qui lui permet de produire et vendre toutes les déclinaisons de la marque à la petite sirène pour la consommation à la maison. Dans le creamer, le groupe de Vevey a commencé il y a un peu moins de trois ans par trois références inspirées des cafés aromatisés vendus au comptoir. Une manière de reproduire à moindres frais « l’expérience » Starbucks.

C’est aussi un moyen de capter ainsi ​une clientèle plus haut de gamme, avec un produit plus naturel, où le lait et la crème sont cette fois présents. Un créneau sur lequel est aussi entré récemment Chobani, qui avait bousculé le marché du yaourt américain avec sa version grecque protéinée.

Mais « le segment des creamers à base de plantes est celui qui connaît la croissance la plus rapide dans la catégorie des crèmes, grâce aux Millenials », note un industriel. Tous les groupes présents sur ce marché proposent donc maintenant une offre vegan et identifiée comme telle, sous leur nom pour Starbucks ou Chobani, mais avec une marque dédiée pour les géants Nestlé et Danone – natural bliss côté Nestlé, Silk et So delicious côté Danone.

Véronique Le Billon (Bureau de New York) – A retrouver en cliquant sur Source

Source : Nestlé surfe sur le boom de la consommation de café à domicile aux Etats-Unis | Les Echos