Pernod Ricard à la veille d’une profonde révolution numérique

Le numéro deux mondial des vins et spiritueux a presque retrouvé sur son exercice 2020-2021 le niveau de résultats précédant la crise sanitaire. Son activité aux Etats-Unis a battu un record historique. Le groupe a mis à profit la crise sanitaire pour jeter les bases de sa révolution numérique.

La crise sanitaire a aussi eu son lot d’effets positifs. Chez Pernod Ricard, on l’a mise à profit pour jeter les bases d’une révolution numérique, qui devrait « profondément changer la commercialisation » des alcools et « beaucoup accroître » la valeur dégagée, selon son patron, Alexandre Ricard. « C’est du lourd », dit-il, mais la transformation ne se fera pas en un claquement de doigts. « Il faudra plusieurs années pour que ces nouvelles méthodes soient opérationnelles », et des heures de formation des commerciaux.

Sur le fond, il s’agit d’utiliser les « data » accumulées depuis des années « pour sélectionner au plus près le bon consommateur au bon moment et au bon prix », explique Alexandre Ricard. Le groupe s’est armé du concours d’une armée d’avocats afin de préparer cette mutation, qui tout en scannant le client dans ses moindres attitudes, protégera son identité.

Des algorithmes appliqués aux données client

« Nous avons développé nos propres algorithmes. En les appliquant aux données dont nous disposons on peut, par exemple, savoir quel type d’alcool un client va acheter selon les autres produits qu’il a déjà dans son chariot », détaille le patron du numéro deux mondial des vins et spiritueux. Et les déclinaisons sont quasi infinies, comme prévoir instantanément combien de bouteilles seront vendues en plus en baissant le prix de « x » centimes ? Ou combien de temps la réduction sera-t-elle efficace ? Quel est le jour optimal de la semaine pour ce genre d’opération ? L’impact de la météo sur les achats de tel ou tel alcool ? Ou encore celui de tel ou tel style de musique sur l’achat de tel ou tel spiritueux…

« Bien sûr, il y a des choses que nous savons déjà mais avec les data nous allons gagner énormément en efficacité et en temps », ajoute Alexandre Ricard. Le projet fera l’objet d’une présentation détaillée aux analystes et à la presse au printemps 2022.

Pénurie de champagne

Dans l’immédiat, le patron de Pernod Ricard se félicite de la « nette reprise » des affaires en 2020-2021. Et prévoit la poursuite du dynamisme des ventes jusqu’en fin d’année. Avec un chiffre d’affaires de 8,8 milliards d’euros sur son exercice annuel décalé qui s’est clôturé fin juin, en hausse de 4,5 %, le groupe s’est rapproché du niveau de son activité avant la crise (9,2 milliards), le dépassant même à taux de change constant. Son bénéfice net a presque quadruplé à 1,3 milliard d’euros, mais cela tient à un effet de base favorable sur les charges opérationnelles non courantes. Le résultat opérationnel courant a bondi de 18,3 %, à 2,42 milliards.

Signe d’un vrai revirement, après des mois de crise sanitaire qui ont valu au groupe de perdre 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires sur l’exercice précédent, le groupe ne parvient pas à répondre à la demande en champagne. « On sent un réel besoin de se faire plaisir. Les commandes affluent de partout. La pénurie touche toutes les maisons », selon Alexandre Ricard.

Prudence pour l’avenir

Avec la levée des mesures sanitaires, les ventes aux Etats-Unis ont connu une très forte embellie (+14 %), battant même un record historique pour le groupe en passant la barre des 2 milliards de dollars de chiffre d’affaires. En Chine, l’activité a passé le milliard d’euros (+44 %). Le groupe, qui vient d’inaugurer la première distillerie de whisky dans le pays , se dit « archi-leader » sur le marché du cognac. Pernod Ricard réalise l’essentiel de sa croissance en Asie grâce au développement des catégories moyennes.

Le groupe ne donne pas d’objectifs chiffrés pour l’exercice 2021-2022, bien que le premier trimestre, de juillet à septembre, s’annonce très bon. « Il y a un certain nombre d’inconnues à ce stade. L’environnement va rester volatil. Il y a le variant Delta. Les canaux de distribution sont perturbés par la pandémie », observe Alexandre Ricard.

Article de Marie-Josée Cougard – A retrouver en cliquant sur Source

Source : Pernod Ricard à la veille d’une profonde révolution numérique | Les Echos