Après avoir enregistré des résultats exceptionnels sur deux exercices consécutifs, Pernod Ricard pâtit d'un marché chinois dégradé et de la poursuite de la normalisation des stocks aux Etats-Unis.Pernod Ricard encaisse les secousses du marché des spiritueux en Chine et aux Etats-Unis

Pernod Ricard a réalisé un chiffre d’affaires en baisse de 4 % à 11,5 milliards d’euros sur l’exercice 2023-2024. Son résultat net a fondu de 35 % à 1,48 milliard d’euros après deux années exceptionnelles. La Chine explique en partie les difficultés.

Après avoir enregistré des résultats exceptionnels sur deux exercices consécutifs, Pernod Ricard pâtit d’un marché chinois dégradé et de la poursuite de la normalisation des stocks aux Etats-Unis. (Eric Dessons/JDD/Sipa)

Début de journée mouvementée pour Pernod Ricard. Le titre du producteur d’alcools et de spiritueux a connu une belle embardée de +8 % à la suite d’une nouvelle en provenance de Chine ce jeudi matin. La Bourse a réagi trop vite sans doute à l’annonce, par Pékin, d’un renoncement à des mesures antidumping temporaires contre les importations européennes de Cognac. Car s’il n’y a pas de hausse immédiate des taxes douanières, l’enquête lancée par les Chinois sur les pratiques commerciales des exportateurs de brandies européens se poursuit. Et l’empire du Milieu qui ne digère pas que l’Europe taxe ses exportations de voitures électriques se réserve le droit d’appliquer une surtaxe moyenne de 35 % sur les brandies européens s’il s’avère que les producteurs de l’UE pratiquent le dumping. Une réelle source d’inquiétude pour Pernod Ricard qui avait annoncé deux heures avant un plongeon de son résultat net.

Le groupe a vu son bénéfice chuter de 35 % sur l’exercice 2023-2024 à 1,48 milliard d’euros. Après plusieurs années de forte croissance, son activité marque le pas. Le chiffre d’affaires s’est établi à 11,5 milliards d’euros, en baisse de 4 % en données publiées, contre -1 % en organique. Il a été affecté par les taux de change de diverses monnaies dont le peso argentin, la livre turque, le yuan chinois et le dollar américain. Le résultat opérationnel a pour sa part diminué de 7 % en publié, à 3,1 milliards d’euros. En fin de séance, le titre était encore en hausse de 2 %, mais il a tout de même perdu plus d’un tiers de sa valeur sur un an.

Au-delà des effets monétaires, ce sont d’abord, comme pour toute l’industrie, les incertitudes de la situation mondiale qui ont pesé sur les résultats du numéro deux mondial des spiritueux, lequel pâtit en particulier de l’absence de reprise en Chine, où l’entreprise réalise 10 % de son activité, mais aussi de la poursuite de la normalisation des stocks aux Etats-Unis (20 % du chiffre d’affaires).

Dans l’empire du Milieu, les vents contraires qui soufflent sur le cognac n’ont pas épargné le groupe. Les ventes de Martell ont reculé de 10 %. L’activité aux Etats-Unis ressort en baisse de 9 %. Le marché européen limite la chute des ventes à 5 % grâce à une bonne tenue de l’activité en Allemagne et en Pologne.

Reprise des volumes sur certains marchés

Le groupe au portefeuille diversifié et à l’activité très mondialisée pointe en revanche de bonnes performances au Japon et en Inde, où la montée en gamme se poursuit, ainsi qu’à Taïwan, et « d’excellents résultats » en Afrique, notamment au Nigeria, et au Moyen-Orient. Le « travel retail » affiche une hausse de 2 %.

Au global, il faut noter une certaine reprise des ventes en volume au second semestre « sur la plupart des marchés ». Pour le prochain exercice 2024-2025, Pernod Ricard prévoit que cette amélioration se poursuive.

Le groupe réitère ses ambitions de moyen terme avec une croissance organique du chiffre d’affaires dans le haut d’une fourchette se situant entre 4 et 7 %. La marge opérationnelle devrait se maintenir et bénéficier d’une gestion très serrée des coûts ainsi que de l’allègement du portefeuille des produits les moins rentables, parmi lesquels les vins et diverses marques locales.

« Le contexte chinois en revanche restera dégradé », avait prévenu jeudi matin tôt le groupe. Reste à voir si l’annonce chinoise va changer la donne sur l’activité des spiritueux en Asie.

Nouvel investissement dans le sans-alcool

Pernod Ricard a annoncé poursuivre ses investissements dans le sans alcool en présentant ses résultats. Le groupe a pris une participation minoritaire dans Almave, qui fabrique le premier spiritueux haut de gamme sans alcool à base d’agave bleu. Une déclinaison de la tequila, portée par le succès de la margarita, le cocktail le plus consommé aux Etats-Unis.

Distillé au Mexique, l’Almave a été créé et lancé par Lewis Hamilton, le champion de formule 1, qui devrait quitter l’écurie Mercedes pour Ferrari. Encore modeste, le marché du sans alcool connaît une progression à deux chiffres, qui n’est « pas sur le point de se démentir », selon Alexandre Ricard, le patron du groupe.

Par Marie-Josée Cougard – A retrouver en cliquant sur Source

Source : https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/le-benefice-de-pernod-ricard-en-chute-libre-de-35-2115823