
Pernod Ricard mise sur l’alcool le plus bu en Chine
Le groupe français a signé un protocole d’entente (MoU) avec Wuliangye, pour distribuer en Asie du Sud-Est le Baïju, qui concentre plus de 80 % de la consommation d’alcool en Chine. Pernod Ricard renforce ainsi ses liens avec l’ancien empire du Milieu, où il doit ouvrir la première distillerie de whisky en 2021.
Pernod Ricard se met au Baïju, l’alcool le plus bu en Chine. Fréquemment interrogé sur l’éventuelle acquisition d’une marque de ce spiritueux, à défaut le groupe français a pris l’initiative en signant un protocole d’entente (MoU) avec Wuliangye, un des géants du Baïju , dont la capitalisation boursière atteint l’équivalent de 65 milliards d’euros. C’est le premier du genre le concernant.
Aux termes de ce « Memorandum of Understanding » (MoU), Pernod Ricard distribuera les alcools de son partenaire chinois (pour l’essentiel du Baïju) dans son réseau de l’Asie du Sud-Est, a indiqué « aux Echos », Philippe Guettat, le patron Asie de l’entreprise française.
Nouveaux modes de consommation
« Cet accord répond à l’ambition de Wuliangye de développement international du Baïju et de ses marques d’alcool chinois. Le MoU peut revêtir différentes formes, de la coopération technique à l’innovation ou encore à l’intégration de nos circuits sous forme de gestion de marque. Wuliangye souhaite se familiariser avec nos méthodes marketing. Nous apprendrons ainsi à mieux nous connaître », a encore précisé le dirigeant.
Le groupe français ne précise pas ses ambitions en termes de chiffres, mais les dit « modestes dans un premier temps ». Avec ce baïju, il va expérimenter « de nouveaux modes de consommation comme on l’a fait pour le saké », dit encore Philippe Guettat. Et projette de mettre au point des cocktails à base de Baïju afin d’en faciliter la consommation.
Des scores vertigineux
Son concurrent britannique et leader mondial, Diageo contrôle, lui, la marque de Baïju Shui Jing Fang, concurrente du leader Moutaï. Pernod Ricard affirme n’avoir aucun projet de cet ordre. « Wuliangye appartient au gouvernement du Sichuan. Et n’a pas encore de rayonnement international. Nous ne voyons pas ce que nous pourrions apporter en l’achetant si cela était possible. Nous n’avons pas de synergies », explique Philippe Guettat.
Méconnu du reste du monde, bien que formant l’essentiel (80 %) de la consommation d’alcool dans l’empire du Milieu, le Baïju intéresse en revanche beaucoup la communauté chinoise expatriée. Les ventes en volumes ont de quoi donner le vertige. Il s’en est vendu 1,2 milliard de caisses de 9 litres en 2018, selon le réseau IWSR. A titre de comparaison, les whiskies indiens, pourtant très largement commercialisés dans leur pays d’origine, ne pèsent que 214 millions de caisses. Le marché du baïju est estimé à 85 milliards d’euros par an. Il a progressé de 4,4 % par an ces cinq dernières années. Le haut de gamme ne représente que 2 % des volumes, mais 40 % de la valeur du marché.
Le moteur chinois
Avec cette opération, le groupe français renforce ses liens avec la Chine, où il réalise déjà 10 % de son activité totale et enregistre une croissance très forte. Pernod Ricard a l’ambition d’y doubler ses ventes et de faire passer de 1 à 2 % les importations de spiritueux étrangers dans ce pays en 2025. Il sera le premier à construire ex nihilo une distillerie de single malt en Chine, moyennant un investissement de 150 millions d’euros sur dix ans. Située à Emeishan, dans la province de Sichuan, proche de l’une des quatre montagnes sacrées pour les bouddhistes, elle sera opérationnelle en 2021. Classé au patrimoine mondial de l’Unesco en 1996, le site attire des millions de touristes chinois.
La Chine constitue l’un des principaux moteurs de croissance du groupe. Au cours de l’exercice 2018-2019, les ventes dans le pays ont bondi de 21 % à données comparables, tirées par le succès de son cognac Martell. Pernod Ricard mise sur l’émergence des classes moyennes et aisées et sur la diversification des goûts des consommateurs.
Source : Pernod Ricard mise sur l’alcool le plus bu en Chine | Les Echos