La vie des dirigeants et mandataires sociaux de grands groupes n’est pas un long fleuve tranquille. Philippe Guillemot en sait quelque chose, lui qui a été débarqué en 2012 de la direction générale d’Europcar par son actionnaire, Eurazeo, et a perdu son procès contre son employeur. L’ex-numéro deux d’Alcatel-Lucent, recruté alors par Michel Combes, lui-même limogé brutalement la semaine dernière d’Altice par Patrick Drahi, a été choisi par Robert Zolade, cofondateur et principal actionnaire du groupe Elior (avec 27,31% du capital social au 31 juillet 2017), comme successeur de Philippe Salle, lequel a quitté son poste de PDG au coeur de l’été là encore sur fond de désaccord avec ses actionnaires.

Selon nos informations, Philippe Guillemot serait sur le point de signer son contrat pour être directeur général de cet opérateur mondial de la restauration et des services. C’est notamment le changement de gouvernance, ramenant le poste de PDG à DG, qui avait cristallisé le différent entre Philippe Salle et Robert Zolade. Pas un sujet pour Philippe Guillemot, qui a indifféremment cumulé les fonctions exécutives au fil de sa carrière, PDG de Areva T&D de 2004 à 2010 notamment, comme Vice-président de Valeo, avant cela, ou directeur des Opérations et des Ventes chez Alcatel-Lucent.

Ce diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure des Mines de Nancy, et titulaire d’un MBA de la prestigieuse Harvard Business School, Philippe Guillemot (58 ans) a acquis une réputation de redresseur d’entreprises dans des secteurs industriels soumis à de fortes transformations comme la sous-traitance automobile, la transmission et la distribution d’électricité ou encore les réseaux de télécommunications.

Il a découvert le secteur des services chez Europcar, dans un métier de la location de véhicules lui aussi sévèrement secoué ces dernières années. Avec Elior, Philippe Guillemot aborde le monde de la restauration et succède à un autre patron réputé, comme lui, à poigne. Philippe Salle a su faire évoluer la stratégie du géant de la restauration collective et de concession, en allant vers le consommateur final et en développant le numérique. Depuis son entrée en janvier 2015 dans l’entreprise jusqu’à l’annonce de son départ en septembre dernier, l’action d’Elior est passée de 14 à 25 euros. Elle n’a guère bougé depuis, cotant 24,32 euros ce mercredi à la clôture.