
Pour Pierre Verdier, DG de Napoli Gang, « Nous sommes engagés dans une construction de marque stable et solide »
Dix-huit mois d’existence, et plus de 100 000 clients servis chaque mois. Née dans l’impasse des fermetures administratives de salles, Napoli Gang, la marque du groupe Big Mamma dédiée à la livraison et à la VAE, avance désormais en mode boulevard, présente à Paris, à Lille, Lyon Marseille, Londres et Madrid, pour commencer. Retour sur le modèle de bright kitchen de Napoli Gang, ses performances comme ses ambitions, avec Pierre Verdier, son directeur général.
Un an et demi après sa création, où en est Napoli Gang ?
Napoli Gang a été créé dans la contrainte, face à l’impossibilité pour le groupe Big Mamma d’exploiter ses salles, en raison de la pandémie. Le groupe était dans l’impasse, avec une décision à prendre, attendre ou créer de nouveaux points de contacts avec ses clients. C’est cette deuxième option qui a été prise, en amenant en apportant une proposition nouvelle sur ce marché de la pizza livrée, de la même manière que les trattorias ont renouvelé l’expérience du restaurant italien. Nous cherchons à tirer ce marché vers le haut, en désindustrialisant les process, avec des ingrédients frais, des produits sourcés, des pâtons artisanaux et du fait-maison, des packagings recyclables. Mais aussi d’être une société à mission, de la même manière que Big Mamma est une société B-Corp, ce qui passe par des fournisseurs retenus aussi en fonction de critères sociétaux, ou encore une portion d’1% de notre chiffre d’affaires reversé aux livreurs Uber Eats. Aujourd’hui nous avons 6 cuisines à Paris, sommes présents aussi sur Lille avec deux cuisines, Lyon, et Marseille depuis la fin d’année dernière, où sur un marché local de la pizza très concurrentiel, nous sommes déjà en tête des rankings sur les plateformes de livraison. Nous servons actuellement plus de 100 000 clients chaque mois sur l’ensemble de nos sites. Ce sont des volumes impressionnants si l’on a en tête que nous gardons une approche artisanale dans la réalisation de nos pizzas.
Soit une confirmation de la pertinence sur ces agglomérations de formats dark kitchens ?
Nous ne voulons surtout pas devenir une dark kitchen. Nos cuisines sont des bright kitchen, avec pignon sur rue, une transparence sur le travail des pizzaiolos, et opèrent aussi bien en VAE qu’en livraison. Actuellement, nous réalisons entre 10 et 15% des ventes via la VAE, avec l’objectif de faire grimper cette part à 40-50% du mix. C’est intéressant et important, au sens où il est délicat d’être dépendant d’un seul canal de vente, l’idée étant plutôt de les multiplier, y compris d’ailleurs sur la livraison, en prenant aussi des commandes en direct via notre App. Le deuxième intérêt de ce format hybride, c’est celui de la notoriété. Le succès d’une marque en livraison dépend énormément de sa notoriété. Pour acquérir cette audience, les modèles full-digitaux ont cette capacité à pouvoir renouveler et repositionner très rapidement leur offre, à se caler sur des tendances food. Mais le prix à payer, c’est une notoriété aussi volatile que les tendances. En permettant aussi une expérience physique du point de vente, en établissant un lien très clair avec les adresses Big Mamma, nous avons le sentiment d’engager Napoli Gang dans une construction de marque stable, et solide. Quelque part, si sur un moment on ne peut se rendre dans une trattoria du Groupe, c’est Napoli Gang qui s’invite chez vous. Et pour prolonger cette expérience chez soi, un soin particulier a été apporté à l’adaptation des recettes. Les pâtes à la truffe sont un best-seller dans les restaurants du Groupe, elles voyagent très mal néanmoins. Les pâtes s’agrègent, se gorgent d’eau, et arrivent en boule. Nous avons décliné la recette en gratin, avec des conchiglie. De la même manière, nous avons particulièrement travaillé sur une moindre hydratation de nos pâtons, afin qu’ils supportent mieux le transport.
Quelle stratégie d’emplacement pour ce format hybride de bright kitchen ?
Nous avons testé des solutions tiers proposées par des opérateurs immobiliers spécialistes des cuisines dédiées à la livraison, mais elles n’ont pas pignon sur rue, avec des possibilités très réduite de VAE, et nous sommes dépendants de la configuration des cuisines sur place. Nous avons du coup très vite misé sur des emplacements en propre, à l’affût des opportunités sur un marché qui reste tendu sur les surfaces disponibles. L’objectif, c’est d’avoir un maillage territorial très dense. Nous pourrions couvrir tout Paris en livraison avec trois cuisines seulement, mais ce serait aux dépens des temps de livraison, de la qualité de restitution, et in fine de la satisfaction des clients finaux. L’idée c’est au contraire de performer et d’émerger sur les plateformes. Chacune a son algorithme, néanmoins, la rapidité d’exécution et de livraison, la notation, la proximité des clients qui impacte directement les clients finaux, la notoriété de la marque, acquise aussi sur les réseaux sociaux, surtout auprès des jeunes générations… Tout cela compte.
Un retour sur la feuille de route de la marque, et ses objectifs de développement ?
Napoli Gang est attendu par les consommateurs, il est acté que nous nous déploierons, principalement en propre, dans les 10-15 plus grosses agglomérations françaises. Nous nous sommes également positionnés à l’international, avec d’ores et déjà 3 cuisines à Madrid et 4 à Londres. Mais le potentiel de la marque va au-delà des grandes villes, et c’est d’ailleurs tout l’intérêt d’opérer sur un modèle hybride, qui suppose des volumes de commandes en livraison moindres pour atteindre le point de rentabilité. Nous réfléchissons aussi à la franchise, en regardant de près les nouveaux modèles de franchise digitale, en licence de marque, cela peut donner des idées. Il y a une révolution de la restauration en cours, et dans cette mue, notre modèle est là pour durer.
Par YANNICK NODIN – A retrouver en cliquant sur Source
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