Quand la livraison de repas rime avec celle des courses

A l’instar des plateformes comme Uber Eats ou Deliveroo, de plus en plus d’acteurs apportent à domicile aussi bien des petits plats cuisinés que des produits d’épicerie ou d’hygiène. Un reflet des nouveaux modes de consommation accélérés par le Covid.

Le Covid a rebattu les cartes de nombre d’habitudes de consommation. Parmi les nouveaux modèles hybrides qu’il a fait naître figure la porosité accrue des frontières entre les différents univers alimentaires, entre la restauration et la distribution. Le tout, sur fond de bataille entre les offres et les positionnements.

Désormais, un coursier d’une plateforme de livraison de repas peut aussi bien apporter un burger ou une pizza qu’un paquet de pâtes, des yaourts et du dentifrice. Uber Eats a noué en avril un partenariat avec Carrefour, qui ne cesse de monter en puissance. 500 points de vente sont désormais concernés, dans plus d’une centaine d’agglomérations.

Le nombre de références proposées progresse aussi, avec un millier aujourd’hui, contre 250 au début. Et l’adoption du principe par les consommateurs est rapide. Dans certains magasins de proximité, la part de ces livraisons peut atteindre jusqu’à 10 % à 15 % du chiffre d’affaires.

Effet des confinements

Deliveroo s’est allié, lui, au groupe Casino, avec une offre intégrant les différentes enseignes, comme Franprix, pionnier de ce partenariat qui continue à se déployer, Monoprix ou Géant Casino. Depuis janvier, la plateforme livre également des produits Picard, avec une phase de test de trois mois dans 17 boutiques.

Les confinements et autres couvre-feux ont accéléré le mouvement. Tout comme l’arrêt, qui s’éternise, du service en salle dans les restaurants. Depuis le reconfinement, cet automne, Epicery, qui, jusqu’à présent, livrait les emplettes faites dans les commerces de proximité, du boucher au primeur ou au fromager, a ainsi ajouté sur son site un onglet « cantine », avec les plats de restaurants, souvent installés de longue date.

Frichti , spécialiste de la livraison à domicile, mais aussi au bureau – directement ou via un système de cantine 2.0 – de plats cuisinés par lui, fait figure de pionnier du phénomène de la double casquette. L’entreprise a en effet ajouté, il y a deux ans, la livraison de courses à son menu de mets préparés. Depuis un an, avec l’appui de 15 « dark stores » qui sont aussi ses hubs pour plats préparés, elle propose de livrer en quinze minutes une palette de produits qu’elle a sélectionnés. L’offre s’est largement étendue, débordant au fil du temps de l’alimentaire et passant de 400 à 1.000 références.

L’évolution des comportements de consommation ouvre de nouveaux horizons aux différents acteurs. Les jeux sont très ouverts. Tout comme les attentes de consommateurs aux âges et pouvoirs d’achat variés.

Des nouveaux arrivants

Mais la bataille sera serrée. D’autant que les nouveaux arrivants ne manquent pas sur les différents terrains, comme le montre le développement récent en France des « dark stores », ces magasins virtuels. Les start-up de livraison de courses à la demande , avec de courts délais, sont sur les starting-blocks. Comme Cajoo, qui a fait son entrée ce mois-ci avec la promesse de livrer en quinze minutes les courses du quotidien sur un millier de références. Mais pour l’instant, il n’est présent que dans quelques arrondissements de la capitale.

Les entreprises doivent aussi se montrer très réactives. La demande entre plats de restaurants et courses fluctue depuis mars au gré des décisions sanitaires. Le couvre-feu à 18 heures a dynamisé les options de courses après cette heure. Il faudra observer de près la situation quand, enfin, la vie normale pourra reprendre son cours. Mais il est sûr qu’une bonne partie des nouveaux comportements de consommation subsisteront.

Quand les restaurateurs se découvrent aussi épiciers

La fermeture des restaurants les pousse à innover. Pendant le premier confinement, certains organisaient un mini-marché pour soutenir leurs producteurs préférés. Depuis, les concepts se sont professionnalisés. Au-delà de la vente à emporter de leurs petits plats, de plus en plus d’acteurs ajoutent un rayon épicerie à leur établissement.

D’autres vont encore plus loin en dédiant à cette offre des lieux à part entière. La chef Stéphanie Le Quellec, doublement étoilée à Paris, a ouvert en décembre MAM, qui permet d’acheter ou de se faire livrer des plats cuisinés et de la pâtisserie, mais aussi de l’épicerie fine, du thé ou des vins. La Folie douce, qui a différents établissements à la montagne, a inauguré en fin d’année 2020, à Arc 1800, un concept d’épicerie à son nom. Elle prévoit d’en ouvrir d’autres.

Article de Clotilde Briard – A retrouver en cliquant sur Source

Source : Quand la livraison de repas rime avec celle des courses | Les Echos