
Quand les marques de restauration et d’alimentaire estompent leurs frontières
Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à vouloir s’étendre hors de leurs terrains de jeux habituels pour capitaliser sur leur savoir-faire. Des acteurs présents en grande surface ouvrent des restaurants, tandis que ces derniers développent des produits vendus dans la distribution.
A la Défense, aux Quatre-Temps, un nouveau restaurant où acheter et déguster des salades a vu le jour. S’il s’agit du premier établissement du genre, son nom, Picadeli, n’est pas pour autant inconnu du public. La marque, née en Suède, est déjà bien implantée dans l’Hexagone en grande distribution avec ses bars à salades permettant aux clients de réaliser leurs propres compositions, vendues au poids dans quelque 400 points de vente.
Le restaurant en self-service propose deux fois plus d’ingrédients qu’en magasin et réalise des sauces sur place. « L’établissement est un porte-drapeau pour la marque et doit développer sa notoriété. Il nous sert aussi de laboratoire pour tester de nouveaux concepts. Nous voulons montrer que notre modèle de bar à salades connecté peut être appliqué à la restauration et intéresser d’autres acteurs, notamment via des corners », précise David Bicheron, directeur général Picadeli France et Belgique.
Réel potentiel
Cette ouverture est emblématique des passages de frontières de plus en plus fréquents entre les marques vendues dans la distribution et celles de restauration. Une étape supplémentaire, alors que les grandes surfaces se sont déjà fait une place dans la consommation hors domicile et qu’en réponse au Covid, un coin épicerie s’est ajouté à certaines tables de chefs.
« Le Royaume-Uni a été pionnier dans ce mélange des types de consommation entre les univers des grandes surfaces et de la restauration. Mais la France est aussi devenue très active. Le potentiel y est réel. Le fait que des agrégateurs comme Uber Eats et Deliveroo pratiquent aussi bien la livraison de plats que celle de courses contribue à accélérer le phénomène », souligne Maria Bertoch, experte Foodservice France de The NPD Group .
Le restaurateur grec Mavrommatis a fait le chemin inverse de Picadeli en lançant yaourt et feta en grande distribution. Tout comme Les Niçois . L’établissement aux saveurs du Sud et avec terrain de pétanque inclus au coeur du 11e arrondissement parisien a assez vite choisi de décliner sa marque dans des produits vendus en super et hypermarché. Il monte en puissance.
Aujourd’hui, ses tapenades de Mamie Paulette et ses mini-foccacias au romarin de Tata Rita sont commercialisées dans plus d’un millier de points de vente en France, de Carrefour à Leclerc. Quant au Rosé Garcia, lancé cet été avec l’acteur José Garcia, il est commercialisé sur le site Internet de la marque avant une diffusion plus large l’an prochain.
« Nous sommes une marque hybride entre restauration et épicerie. La résistance affichée face au Covid a montré que nous avions un modèle résilient », revendique Olivier Chini, cofondateur des Niçois. Le développement à l’international s’amorce. Aux Etats-Unis, 200 magasins Whole Foods Market accueillent quatre produits à tartiner, après un test en début d’année, et la marque est référencée chez Amazon. Dans l’Hexagone, la griffe s’attaque maintenant au rayon frais. Elle arrive ce mois-ci dans celui de Monoprix avec une offre apéritive.
Des modèles diversifiés
Les grands chefs ont aussi perçu l’intérêt de toucher différemment leur public. Antoine Westermann, qui vient de rebaptiser son restaurant montmartrois « Le Coq & Fils » (au lieu de « Coq Rico »), a décliné son savoir-faire dans la sélection des poulets et autres pintades. Sa jeune marque, La Cuisine des belles volailles, est vendue sur le site Pour de Bon. Elle va aussi s’installer chez Monoprix.
Et les formes prises par les nouveaux modèles se diversifient. Exki, qui fête les 20 ans de son concept de restauration rapide saine, lancera en fin d’année la livraison de produits bruts pour pouvoir réaliser à domicile ses recettes sous forme d’abonnement. « C’est une autre façon de faire retrouver l’expérience Exki chez soi », remarque David Esseryk, directeur marketing et innovation du groupe. Un service qui sera d’abord réservé à Paris et Bruxelles.
Article de Clotilde Briard – A retrouve en cliquant sur Source
Source : Quand les marques de restauration et d’alimentaire estompent leurs frontières | Les Echos