
Rémy Cointreau en pleine forme grâce à des bouteilles toujours plus chères
Le groupe de spiritueux a enregistré des profits record sur son exercice 2021-2022 et annonce une nouvelle année de croissance exceptionnelle. Rémy Cointreau accélère sa transformation pour réduire le poids de la distribution au profit de la relation directe avec ses clients.

« Devenir le leader mondial des spiritueux d’exception. » Rémy Cointreau poursuit sans relâche cet objectif. Non sans succès. A l’instar de l’industrie des alcools, le groupe a enregistré des résultats exceptionnels sur son exercice 2021-2022, clos le 31 mars, grâce à la situation créée par la pandémie de Covid-19. Le chiffre d’affaires a atteint 1,3 milliard d’euros, en progression de 30 % sur un an, tandis que le résultat opérationnel courant a bondi de 41,6 %, à 334,4 millions et le résultat net part du groupe à 212,5 millions, soit une hausse de 47 %.
Le confinement et la fermeture des lieux publics ont dopé la consommation à domicile et développé l’attrait des produits haut de gamme, couronnant de succès la stratégie poursuivie par la famille Hériard Dubreuil, qui détient près de 55 % du capital et 68 % des droits de vote. Malgré un environnement incertain, le groupe prévoit une nouvelle année exceptionnelle grâce à la « surperformance des spiritueux haut de gamme, à l’essor de la mixologie, au développement de l’e-commerce ».
L’effet booster de l’inflation
Même l’inflation a un impact positif sur les ventes de spiritueux. « Les distributeurs acceptent mieux les hausses de prix », relève le directeur général, Eric Vallat. Le groupe pense pouvoir largement couvrir l’inflation des coûts de production en augmentant ses tarifs et en jouant plus encore la carte du haut de gamme.
Rémy Cointreau table pour le prochain exercice sur une marge brute de 72 % et une marge opérationnelle de 33 %. Au premier trimestre de l’exercice en cours, la croissance a été à deux chiffres malgré le confinement très strict de la Chine.
Le cognac pèse toujours trois fois plus lourd (948 millions d’euros) que les liqueurs et spiritueux (333,2 millions d’euros) dans l’activité globale du groupe, qui souhaite, à l’avenir, faire en sorte que « le gin, le whisky et les liqueurs croissent plus vite en valeur. Nous voulons être le groupe qui pratique les prix les plus élevés dans chaque catégorie », précise encore Eric Vallat.
Réduire le poids de la distribution
Pour appuyer sa stratégie autour du luxe, Rémy Cointreau entend réduire fortement le poids de la distribution et développer la relation en direct avec ses clients jusqu’à en connaître 75 % d’entre eux d’ici à 2030. L’ouverture des boutiques, qui permettent au groupe de garder toute la marge, et le service à la carte doivent l’y aider. Le groupe en a ouvert sept, dont cinq en Chine. « Même si les boutiques sont fermées en Chine à cause du Covid, elles nous ont déjà permis de nourrir un carnet d’adresses et de développer des services personnalisés et la livraison à domicile », indique le dirigeant.
Le cognac Louis XIII, dont le premier flacon coûte 3.000 euros pour des eaux-de-vie vieilles de 40 à plus de 100 ans, tient lieu de fer de lance de cette stratégie.
Très faiblement endetté, Rémy Cointreau est prêt à faire des acquisitions. En champagne, « cela aurait du sens après l’achat de Telmont. Ce serait une façon de préserver notre lien au terroir », estime Eric Vallat. La tequila, qui « se vieillit aussi à l’instar du cognac et du whisky », pourrait également l’intéresser.
Par Marie-Josée Cougard – A retrouver en cliquant sur Source
Source : https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/remy-cointreau-en-pleine-forme-grace-a-des-bouteilles-toujours-plus-cheres-1410832