Au Royaume-Uni, le nombre de pubs poursuit sa décroissance. En 2024, le pays en a encore perdu 350 par rapport à l’année précédente, pour n’atteindre que 45.000, à comparer au 59.000 qu’il comptait il y a vingt ans, selon la British Beer and Pub Association. Ce recul d’un des emblèmes de la nation n’est que l’un des signes de la complexité de la situation actuelle de la restauration au Royaume-Uni.

Dans le paysage européen du secteur, le pays est celui qui a connu la plus forte baisse de fréquentation par rapport à l’avant Covid. Le nombre de visites est en effet, en 2025, inférieure de 21 % à celle de 2019, selon le cabinet Circana. Et, au premier semestre de cette année, c’est aussi outre-Manche que l’activité a le plus reculé, parmi les cinq pays phares étudiés par l’institut, alors que la France était quasiment stable.

Plusieurs facteurs contribuent à freiner les sorties. « L’inflation est particulièrement forte en Grande-Bretagne. L’augmentation de nombreuses taxes a aussi pesé sur la confiance des consommateurs », analyse Seton Leung, responsable du département restauration hors domicile de Circana UK. Résultat, si en juin dernier les dépenses étaient en hausse, la fréquence des visites des consommateurs continuait son recul.

La part plus élevée qu’ailleurs de télétravail joue, en outre, à midi. Même si les Britanniques n’hésitent pas à faire des pauses déjeuners rapides en solo, remplaçant les moments passés en groupe. Du côté des professionnels, la hausse des cotisations patronales en avril a également des répercussions sur l’équilibre économique des établissements.

Réorientation de la consommation

L’évolution du trafic en point de vente se montre très variable d’un segment à l’autre, constate Circana. En juin 2025, les fast-foods avaient ainsi perdu 82 millions de visites et les pubs 42 millions sur un an. La restauration à table est, elle, moins affectée.

Le recul du nombre de visites dans les fast-foods ou les pubs profite à d’autres acteurs. Les grandes surfaces accroissent leur fréquentation sur l’offre de restauration hors domicile avec 26 millions de visites en plus. La distribution automatique a aussi le vent en poupe.

« Les gens cherchent un moyen de compenser la baisse du nombre de leurs sorties. Ces segments ont en commun d’être les moins coûteux de l’ensemble de l’offre », note Jochen Pinsker, expert Europe de Circana dans le domaine de la restauration hors domicile.

Le mouvement risque de perdurer. Comme le relève Seton Leung, « la hausse des prix se poursuit, parfois de manière très significative ». En juin, 71 % des tarifs avaient augmenté par rapport au trimestre précédent. Et dans plus d’un cas sur trois, la progression enregistrée dépassait 5 %.

L’experte souligne que, dans ce contexte, et alors que certains établissements ont fait le choix de diminuer le nombre de leurs employés au vu de la hausse des cotisations patronales, l’un des enjeux phares du secteur sera de maintenir le niveau d’expérience pour assurer la qualité de service, garantie de la fidélisation de leur clientèle.