SEB met le café professionnel à l’italienne à son menu
Le groupe d’électroménager étend son offre pour la restauration à un nouveau segment en rachetant les machines La San Marco au groupe détenant Segafredo. Il poursuit son développement sur le marché porteur des appareils professionnels.
Dans l’univers des machines à café professionnelles, les brevets constituent un important nerf de la guerre. (MBZ Group)
Dans les machines à café à l’italienne, l’innovation technologique compte autant que la carrosserie. Celles de La San Marco capitalisent sur le design transalpin sous toutes ses formes.
En les rachetant, SEB ajoute une corde à son arc en investissant un nouveau segment dans les appareils destinés aux professionnels. L’entreprise, appartenant à 85,3 % au groupe italien de torréfaction Massimo Zanetti Beverage Group (MZBG) qui détient notamment Segafredo, s’est fait une spécialité des machines expresso utilisant le traditionnel système à leviers.
Elles compléteront l’offre du groupe français de petit électroménager. Il avait fait une entrée remarquée dans le secteur destiné aux cafés et restaurants en 2016 avec la reprise de l’allemand WMF pour quelque 1,6 milliard d’euros. L’acquisition a fait de lui le leader des appareils professionnels dits « full automatiques », capables notamment de réaliser des recettes à base de lait.
Jouer la complémentarité
En 2019, il était aussi devenu numéro deux aux Etats-Unis dans le café filtre après avoir fait tomber dans son escarcelle Wilbur Curtis . Il lui manquait la carte expresso, nécessitant le savoir-faire du « barista », aux positions fortes dans le Sud de l’Europe. La brèche est comblée.
La taille de La San Marco, marque iconique dans son pays et fondée en 1920, est bien sûr sans commune mesure avec celle qu’avait WMF. Mais la société dont l’usine est située à Gradisca d’Isonzo, non loin de Trieste, n’en a pas moins réalisé un chiffre d’affaires de 19,7 millions d’euros lors de son exercice clos à fin septembre 2022. Pour Massimo Zanetti Beverage Group, la cession, au montant non dévoilé, permet de se recentrer sur son métier de base.
« Le café se développe dans le monde, même dans les pays buvant du thé comme la Chine où les gens le consomment souvent hors de chez eux. Il faut disposer de différentes méthodes pour servir l’ensemble des marchés. Cette acquisition nous donnera accès à de nouvelles catégories de clientèle », estime Thierry de La Tour d’Artaise, le président de SEB.
Il juge qu’avec la force du groupe, La San Marco, qui ne réalise pour l’instant qu’environ la moitié de ses ventes à l’export, dispose d’un bon potentiel de croissance et pourra capitaliser sur son important portefeuille de brevets. Ses produits visent d’abord des établissements plutôt haut de gamme.
Accélération
« Les machines à café professionnelles constituent un métier structurellement rentable. Les acheteurs sont d’abord attentifs à la fiabilité dont dépend leur activité », souligne-t-il.
Au-delà de l’univers phare du café, SEB compte bien continuer à pousser ses feux dans le B to B. En juillet, il avait racheté l’espagnol Zummo , leader des machines automatiques pour faire des jus de fruits, présentes aussi dans des commerces. Et il va doubler la taille de son usine bretonne pour Krampouz , fabriquant crêpières, planchas et barbecues.
Le marché est globalement porteur. Après un trou d’air lié au Covid et aux fermetures d’établissements à travers le monde dissuadant d’investir dans leurs équipements, il est bien reparti depuis le milieu de 2021.
Chez SEB, qui a levé le voile fin janvier sur ses ventes provisoires pour 2022 avant de présenter ses résultats la semaine prochaine, le pôle professionnel a enregistré un chiffre d’affaires de 725 millions d’euros, en croissance de 9,2 % à taux de change et périmètre constants. Pour le seul café, il a connu un quatrième trimestre particulièrement dynamique, porté à la fois par les machines mais aussi les services associés, montant en puissance.
Le groupe n’a pas encore fait le plein de rachats dans ces pans d’activité. « Les sociétés dans l’univers professionnel sont souvent de petites tailles, avec des spécificités géographiques. Elles sont propices au développement de synergies », juge Thierry de La Tour d’Artaise. Avec un portefeuille qui s’élargit, le groupe français commence à pouvoir vraiment les faire jouer à travers le monde.
Par Clotilde Briard – A retrouver en cliquant sur Source