Sobriété énergétique : l’hôtellerie-restauration prête à faire des gestes

Les organisations professionnelles du secteur sont tombées d’accord sur une série de mesures allant de la diminution de la température dans les établissements à la fin de l’éclairage extérieur sur certaines plages horaires. Tour d’horizon.

Après une parenthèse estivale réjouissante, retour à la dure réalité pour l’hôtellerie-restauration. Hausse des taux d’intérêt, possible récession, incertitudes sur la situation sanitaire figurent au menu des prochains mois. Mais dans l’immédiat, c’est bien la crise énergétique qui se trouve au coeur des préoccupations.

Depuis la fin du mois d’août, les organisations professionnelles du secteur sont à pied d’oeuvre, afin de répondre aux demandes du gouvernement qui souhaite réduire la consommation d’énergie globale de 10 % d’ici à 2024.

La tâche n’a pas été particulièrement simple, au vu du nombre d’établissements concernés et de leurs positionnements respectifs, un hôtel de luxe n’ayant pas les mêmes contraintes qu’un petit restaurateur ou qu’un centre de thalassothérapie. Lors des discussions, des participants souhaitaient, par exemple, rendre optionnel le minibar, qui dans certains hôtels représenterait jusqu’à 5 % de la consommation globale. Refus net de certains hôteliers, pas vraiment enclins à se passer d’un service jugé essentiel. D’autres auraient voulu imposer le passage immédiat aux ampoules LED, mais il a été décidé que les mesures présentées se cantonneraient à des économies, et pas à des investissements supplémentaires.

De même, aucun objectif chiffré n’a été arrêté, car « certains avaient déjà réalisé de lourds investissements, et on ne peut pas s’engager sur une baisse de 10 % », résume un proche des négociations.

Plus d’enseignes lumineuses pendant la nuit

Finalement, les organisations professionnelles se sont mises d’accord sur un plan d’action qui s’articule autour de quatre piliers. Le premier concerne le chauffage, qui sera limité à 19 degrés dans les parties communes des établissements, et 17 degrés dans les lieux où ni le personnel, ni les clients ne sont présents. Dans les hôtels, la température des chambres sera laissée à la discrétion des clients, mais ces derniers seront incités à ne pas dépasser 19 degrés.

Le deuxième point porte sur la température de l’eau, qui sera abaissée de 1 degré dans les piscines des hôtels et des thalassos (dans la limite de 33 degrés pour les bassins de soins). En ce qui concerne les hammams, saunas et jacuzzis, les horaires d’ouverture pourraient être limités, voire un système de réservation mis en place pour optimiser leur consommation d’énergie.

Le troisième pilier concerne l’éclairage extérieur des établissements. L’enseigne lumineuse des restaurants devra être éteinte a minima après le départ des derniers employés, et si possible après celui des derniers clients. Celle des hôtels devra, quant à elle, être éteinte à partir de minuit et jusqu’à 6 heures du matin.

Enfin, les établissements ayant une activité de restauration devront être particulièrement vigilants en cuisine. Leurs employés seront incités à faire la chasse au gaspillage, en n’utilisant le gaz ou la ventilation que lorsqu’ils en ont réellement besoin.

Les géants de l’hôtellerie prennent les devants

Voilà pour les nouvelles règles du secteur, qui s’appliqueront à l’ensemble des adhérents des organisations professionnelles. La principale d’entre elles, l’Union des métiers de l’industrie et de l’hôtellerie (UMIH) publiera toutefois un « guide de la sobriété » à l’attention de ses membres, lors des prochaines semaines.

Libre aux différents établissements d’aller ensuite plus loin que ces mesures. Certains grands groupes ont d’ailleurs pris les devants, à l’image d’IHG (Holiday Inn, InterContinental), qui a fixé, il y a trois ans, un objectif chiffré de réduction de consommation, hôtel par hôtel. Une plateforme a d’ailleurs été mise en place pour que ces derniers puissent comparer leurs performances. Passage aux LED, changement des chaudières, isolation renforcée… beaucoup ont déjà franchi le pas, tandis que le changement de draps ou de serviettes n’est plus effectué de manière automatique. « Une partie des clients va comprendre ou même exiger qu’on le fasse », estime Eric Viale, directeur général du groupe pour l’Europe du Sud. « Pour les autres, on laisse le choix. »

De son côté, Accor entend ne pas faire les choses à moitié, avec une température de 19 degrés, la fermeture des piscines extérieures ou la fin des minibars sauf exception.

Par Yann Duvert – A retrouver en cliquant sur Source

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