Sodexo : Sophie Bellon seule au pouvoir

Le conseil d’administration du géant mondial de la restauration collective et de services a voté pour la nomination au poste de PDG de la dirigeante qui assumait déjà le rôle opérationnel depuis l’éviction de Denis Machuel, en septembre dernier.

Les pleins pouvoirs. La présidente du conseil d’administration de Sodexo, Sophie Bellon, devient également directrice générale du groupe fondé par son père il y a plus d’un demi-siècle. Réuni mardi, le conseil d’administration du géant mondial de la restauration collective et de services a voté pour la nomination de la dirigeante de 60 ans, qui assumait déjà ce rôle opérationnel depuis l’éviction de Denis Machuel, en septembre dernier.

« Le conseil estime qu’elle est la mieux placée pour conduire le groupe dans cette nouvelle étape de son histoire. Sa connaissance en profondeur des activités du groupe, qu’elle a rejoint en 1994, a été jugée par le conseil comme un atout majeur », précise le communiqué du groupe, qui plaide pour « un parfait alignement entre la définition de la stratégie et son exécution ».

Changement de profil

« A l’automne, les administrateurs avaient pourtant missionné des chasseurs de tête pour trouver avant la fin 2021 un profil ayant un « oeil neuf », avec une forte expérience internationale, une connaissance approfondie du marché américain et une orientation numérique. Ceci pour « accélérer la transformation du groupe ».

Manifestement, la solution externe a été écartée en bout de course, et le profil amendé. « Malgré la qualité des candidatures qui ont été évaluées au cours du processus de recherche, le conseil d’administration a estimé que recruter une personnalité extérieure ralentirait nécessairement cette dynamique » [de transformation], explique le communiqué.

« Il y a pourtant d’excellents candidats sur le marché. Mais les critères de recrutement étaient tels que c’était chercher un mouton à cinq pattes… Et visiblement Sophie Bellon avait très envie d’y aller », commente un proche du dossier.

Sodexo a eu à ses commandes trois dirigeants en un demi-siècle : son fondateur Pierre Bellon, puis Michel Landel qu’il avait choisi et enfin Denis Machuel. Le risque a probablement jugé trop grand de faire venir quelqu’un de l’extérieur. Beaucoup le reconnaissent, « il faut du temps pour sentir qu’on fait partie de la famille » chez Sodexo. Le groupe se distingue ainsi du mouvement enclenché depuis plusieurs années dans les sociétés cotées en faveur de la séparation des fonctions de président et de directeur général.

Le défi du télétravail

L’action Sodexo était en baisse de plus de 5 % en milieu de journée. Si aucun mouvement majeur n’a été annoncé ces derniers mois, Sophie Bellon a promis d’aller plus vite, plus fort, et compte pour cela sur un management plus offensif. Si le géant des services s’est bien redressé, récupérant 95 % de son chiffre d’affaires par rapport à 2019, le défi reste entier à moyen et long terme avec le télétravail qui s’installe durablement, même si les cantines d’entreprises ne pèsent plus que 5 des 20 milliards d’euros de chiffre d’affaires de la multinationale.

Cette prise en main de l’actionnaire familial de Sodexo intervient peu après le décès du fondateur Pierre Bellon, le 31 janvier, à 92 ans. La holding des Bellon détenait au 31 août 2021 42,8 % du capital de Sodexo et 57,2 % des droits de vote. « Ensemble, avec ma famille, nous réaffirmons notre engagement sur le long terme à conserver le contrôle et accompagner le développement de Sodexo », affirme Sophie Bellon, qui avait reçu de son père la présidence du conseil en 2016.

Présent dans 56 pays, le groupe fondé en 1966 dans le hangar d’une usine d’anchois compte 412.000 salariés, déployés dans la restauration collective, l’accueil, le nettoyage, la maintenance d’installations et la conciergerie.

Artcicle de Julien Dupont-Calbo et Martine Robert – A retrouver en cliquant sur Source

Source : Sodexo : Sophie Bellon seule au pouvoir | Les Echos