Yass mise sur des codes marketings flashy pour attirer les jeunes.Solinest, le petit français qui veut damer le pion à Coca et Pepsi sur les boissons prébiotiques

Avec Yass, Solinest se positionne sur le créneau porteur des boissons prébiotiques, aux vertus digestives. Il entend devancer les géants américains Coca-Cola et Pepsi en Europe, alors que le marché explose aux Etats-Unis.

Yass mise sur des codes marketings flashy pour attirer les jeunes. (Laurie Bisceglia)

On connaissait les boissons probiotiques, tels que le kéfir ou le kombucha, qui se sont imposées aux rayons soda ces dernières années. Place désormais aux prébiotiques ! Alors que le segment connaît une forte croissance aux Etats-Unis et intéresse les géants du soda, le français Solinest veut se tailler la part du lion en les devançant sur le marché européen.

L’entreprise familiale alsacienne est déjà, avec environ 40 % de part de marché, leader du marché du kombucha – une préparation à base de thé sucré fermenté, riche en probiotiques, des micro-organismes qui enrichissent le microbiote de l’intestin. Elle lance désormais Yass, une boisson à base de prébiotiques – des fibres qui nourrissent les bactéries intestinales – issues de la racine de chicorée et du vinaigre de cidre.

Cibler les jeunes

« Nous avons développé une alternative au soda, sans édulcorants et sans additifs et avec un taux de sucre 60 % plus faible que la moyenne des sodas sans édulcorants », souligne Jérôme Bucamp, responsable de la marque chez Solinest. Contrairement à ce qui se fait aux Etats-Unis, où le « sans-sucre » est obtenu grâce à des substituts chimiques.

La référence la plus sucrée de Yass affiche 3,3 g de sucre aux 100 ml, contre 10,6 g pour la version originale de la célèbre canette rouge. Cela lui permettra d’ailleurs de payer une très faible « taxe soda », de l’ordre d’un centime par canette.

Pour autant, la marque vise les jeunes, avec des saveurs classiques dans ce rayon – fraise-citron, cola-cerise, citron-citron vert ou encore fruits rouges – et des codes visuels très attractifs, à base de graphismes très travaillés et de couleurs vives. Yass vient d’ailleurs du néologisme « yassification », un mot inventé sur les réseaux sociaux pour désigner l’application de filtres à des images pour les améliorer, les « yassifier ».

Des prébiotiques qui attirent les géants

Aux Etats-Unis, les boissons prébiotiques ont déjà conquis un large public, notamment chez la Gen Z – la génération née après 1995 – très attentive à la santé par l’alimentation. « Une marque comme Olipop aux Etats-Unis a dépassé les 400 millions de dollars de chiffres d’affaires en 2024 », rappelle Emmanuel Gabriot, responsable boissons chez Solinest. Et a été valorisée 1,85 milliard de dollars lors d’une levée de fonds en février.

Les géants du soda ne s’y sont pas trompés. PepsiCo a racheté Poppi pour 1,95 milliard de dollars mi-mars, une marque de boissons prébiotiques qui a dépassé les 500 millions de dollars de chiffres d’affaires l’an dernier.

Coca-Cola a lancé une nouvelle gamme Simply Pop à base de prébiotiques. L’une comme l’autre n’ont, pour l’heure, pas encore traversé l’Atlantique.

C’est d’ailleurs cet engouement américain qui a inspiré Solinest, qui distribue une quarantaine de marques comme Ricola, Pringles ou encore Ocean Spray, mais cherche aussi à surfer sur les nouvelles attentes des consommateurs afin de développer ces marques propres. Elle en détient aujourd’hui neuf – comme [N.A !] (snacking), Vaïvaï (eau de coco) ou encore Zohi (compléments alimentaires) et réalise quelque 380 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Marché à plusieurs dizaines de millions

Vendue en canette de 33 cl au prix conseillé de 1,79 euro, Yass se trouve plutôt sur le segment premium, « proche des boissons énergisantes », précise Bertrand Jacoberger, président de Solinest. Elle sera distribuée en avant-première par Carrefour dès la semaine prochaine, avant d’arriver dans le reste de la grande distribution et la restauration hors-domicile au cours du second semestre.

D’abord lancée en France, la boisson suscite déjà de l’intérêt en Belgique et en Allemagne, pays où Yass est produite et embouteillée par une entreprise sous-traitante. « Les chiffres que l’on a estiment à 200 millions d’euros minimum le potentiel de ces boissons en Europe. On est les premiers à se lancer, on vise plusieurs dizaines de millions d’euros de chiffre d’affaires », souligne Bertrand Jacoberger.

A l’échelle européenne, les analystes de Grand View Research ont noté une croissance du marché des boissons « gut health » (bonnes pour le transit) de 46 % en cinq ans, à 112,6 millions de dollars en 2023, et anticipent une croissance supplémentaire de 40 % d’ici à 2030.

Par Paul Turban – A retrouver en cliquant sur Source :

Source : https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/solinest-le-petit-francais-qui-veut-damer-le-pion-a-coca-et-pepsi-sur-les-boissons-prebiotiques-2159102