Les distributeurs font centrale d’achat commune. Cette annonce met fin aux négociations entamées par Système U avec Casino et Auchan.

Finalement, Système U choisit Carrefour. Les deux groupes de distribution ont annoncé être en négociations exclusives dans le but de joindre leur centrale d’achat. Au début du mois pourtant, Système U envisageait encore une alliance avec Casino et Auchan. Les coopérateurs de Serge Papin n’ont pas apprécié que leur partenaire Auchan négocie dans leur dos avec Casino.

Cette centrale d’achat commune doit débuter son travail dès cet automne en vue des négociations commerciales de 2019. Selon le communiqué commun envoyé par les deux sociétés, « le périmètre de cet accord, destiné à renforcer  la compétitivité des deux enseignes , aura vocation à s’étendre, notamment aux achats non marchands ». En revanche, les politiques commerciales et promotionnelles resteront séparées.

Un partenariat pour cinq ans

Avec cette alliance, Système U et Carrefour deviendraient le numéro un français des achats dans la distribution avec près de 35 % de parts de marché, si l’on prend en compte Cora déjà associé à Carrefour. Le groupe dirigé par Alexandre Bompard ampute dans le même temps l’alliance Casino-Auchan des plus de 10% de parts de march que lui procurait Système U.

Dans leur communiqué, les deux distributeurs affirment vouloir « prendre des engagements renforcés à l’égard des producteurs agricoles français ». Ils entendent proposer « un partenariat de référence » aux filières agricoles « construit autour des prix et des volumes pour procurer aux exploitants, dans la durée, une juste rémunération ». Alors que la plupart des mega-centrales d’achat excluent les PME et les agriculteurs de leur périmètre, afin de ne pas les effrayer, Carrefour et U veulent essayer de nouer des partenariats de long terme avec les filières agricoles qui recherchent de la visibilité. Les deux enseignes mettent en avant la durée de cinq ans de leur accord, alors que les autres alliances se nouent et se dénouent tous les ans ou tous les deux ans.

Un ton rassurant alors que, début avril, les industriels de l’agroalimentaire avaient fait part de leurs craintes après l’annonce d’une potentielle alliance Auchan-Casino-Système U.

Depuis trois ans, les grands distributeurs ont noué les uns après les autres des accords de partenariat à l’achat, dans le domaine alimentaire et non-alimentaire, afin de bénéficier d’un effet de volume lorsqu’ils négocient leurs conditions d’achats avec les fournisseurs.

Encadrer les négociations

Le projet de loi sur l’alimentation, examiné à partir du 22 mai, cherche à mieux rémunérer les agriculteurs en construisant les prix à partir de leurs coûts et en relevant de 10% le seuil de revente à perte. Les marges des enseignes vont augmenter ce qui est supposé bénéficier par ruissellement à leurs fournisseurs.

Mardi, les députés ont adopté un amendement révolutionnaire visant à sortir les produits alimentaires du cadre actuel des négociations commerciales. La nouvelle a suscité la stupéfaction du secteur. Mais Carrefour, tout comme Leclerc, ne la voient pas d’un mauvais oeil.