
Titres-restaurant : cette taxe qui inquiète le secteur
Edenred annonce au troisième trimestre un chiffre d’affaires opérationnel de 667 millions d’euros, en hausse de 8,2 %. Mais une taxe de 8 % sur les avantages aux salariés prévue dans le budget 2026 met le secteur en émoi.
Malgré le contexte économique et politique incertain tant en France qu’à l’international, Edenred s’en sort bien. Le spécialiste des titres-restaurant et autres avantages aux salariés affiche un chiffre d’affaires opérationnel pour son troisième trimestre à 667 millions d’euros, en hausse de 8,2 % en données comparables, au-dessus des attentes des analystes qui tablaient sur 653 millions d’euros. Le cours de l’action gagnait d’ailleurs 14 % ce mardi matin, certes après avoir plutôt baissé ces derniers mois.
En Europe, Edenred affiche une croissance organique de son chiffre d’affaires opérationnel de 4,7 %, tandis qu’elle atteint 12,1 % en Amérique latine et 16,3 % dans le reste du monde. Le groupe confirme ses objectifs pour 2025, dont un Ebitda supérieur à 10 % en données comparables.
Sur les neuf premiers mois de l’année, le revenu total d’Edenred atteint 2,17 milliards d’euros, en hausse de 6,7 % en données comparables par rapport à 2024, ce qui marque néanmoins un ralentissement de la croissance par rapport à 2023 et 2024. C’est pourquoi Edenred comme l’ensemble de ses concurrents (Pluxee, Swile, Up, et les start-up Open Eat, Ekip, etc.) sont vigilants à une nouvelle menace qui se profile en France.
Le parlement devra se prononcer sur la taxe
Une mesure prévue dans le projet de budget du gouvernement Bayrou visait à mettre en place un prélèvement de 8 % sur les chèques-vacances, titres-restaurant ou cadeau, Cesu et activités des CSE (remboursements partiels d’abonnements sportifs, de billets de spectacles, etc.) payés par les employeurs. Elle figure aussi dans le projet du gouvernement Lecornu mais devra être validée par le Parlement.
Ce qui parait peut probable car des voix s’élèvent déjà dans tous les groupes parlementaires pour déposer un amendement contre.
Edenred, via sa nouvelle directrice générale finance Virginie Duperat-Vergne, a souligné d’ailleurs que cela ne les inquiétait pas trop, l’avantage pour l’employeur restant encore élevé du fait de l’exonération dont bénéficient les titres-restaurant et autres avantages salariés. Néanmoins, le surcoût qu’entraînerait la taxe pour les employeurs si elle passait, serait autant d’argent en moins pour les augmentations de salaires par exemple. Autrement dit ce que les employeurs dépenseraient en plus, serait un manque à gagner pour le pouvoir d’achat des collaborateurs.
Les enjeux sont importants : 20 millions de salariés du privé et du public bénéficient de ces avantages qui représentent environ 17-18 milliards d’euros dont 10 milliards de titres-restaurant, 3 milliards de chèques-cadeaux, 1,7 milliard de chèques-vacances, 800 millions de Cesu… Quelque 500.000 entreprises et collectivités locales les octroient, dont 40.000 ont un CSE, parfois octroyant des avantages très généreux.
Les PME en première ligne
Pour l’Etat, cette nouvelle taxe, facile à lever, représenterait un rendement d’à peu près un milliard d’euros. Du côté des entreprises, on déplore une nouvelle mesure qui impacte « la France qui travaille » et la compétitivité, alors que la France est déjà le pays d’Europe le plus taxé au niveau du travail.
La mesure pourrait avoir des conséquences en particulier sur tous les secteurs à faibles marges mais gros consommateurs de main-d’oeuvre comme la propreté, la sécurité, la construction, la grande distribution. En outre, elle créerait une rupture d’égalité entre groupes et PME, puisque la taxe ne concernerait pas les cantines, dispositifs que n’ont pas les petites sociétés. Le Medef s’est d’ailleurs prononcé contre.
Edenred signe un accord avec Visa
Toujours soucieux de garder une avance technologique, Edenred annonce par ailleurs un partenariat stratégique avec Visa, leader mondial des paiements digitaux, pour accélérer l’innovation dans ses divers domaines d’intervention, les avantages aux salariés, la mobilité et la gestion de flottes, les solutions de paiement B2B.
Cela permet au groupe d’émettre des moyens de paiement Visa. « L’intégration du réseau et des innovations de Visa au sein de notre plateforme PayTech nous permet de nous développer plus rapidement, d’offrir plus de choix à nos clients », explique Clément Le Chatelier, directeur produit chez Edenred. Les deux partenaires ont déjà collaboré en Amérique latine et aux Etats-Unis, et les premières solutions de paiement virtuel Edenred compatibles avec Visa seront déployées début 2026 à travers l’Europe.
Par Martine Robert – A retrouver en cliquant sur Source
Source : Titres-restaurant : cette taxe qui inquiète le secteur | Les Echos