Tirés par les prix de l’aérien et l’inflation, les volumes d’affaires des opérateurs de voyages ont largement dépassé leurs niveaux de 2019 durant les vacances d’hiver.
Animés par l’envie de s’évader, les voyageurs français ont fait le bonheur des tour-opérateurs cet hiver. Et même si l’inflation semble avoir conduit à quelques arbitrages, ces derniers tirent un bilan extrêmement positif des vacances qui viennent de s’achever.
« Cela fait vingt-cinq ans que j’exerce, je n’ai jamais vu ça. Ça a marché très fort », s’étonne Jean-François Rial, patron de Voyageurs du Monde, qui fait état d’une augmentation globale de 25 % de son volume d’affaires par rapport à 2019, « et même de plus de 30 % sur le voyage sur mesure ».
Selon le dirigeant, par ailleurs vice-président du syndicat des tour-opérateurs (Seto), ce bel hiver repose sur plusieurs facteurs. Si l’inflation a évidemment joué un rôle prépondérant dans l’évolution du chiffre d’affaires, « il y a aussi un vrai rattrapage, qui n’a pas totalement eu lieu en 2022, et qui concerne toutes les gammes de clientèle », indique-t-il.
La République dominicaine continue d’attirer
Même le long-courrier semble avoir retrouvé de son attrait, avec une progression de 31 % par rapport aux vacances d’hiver 2022, selon l’organisation interprofessionnelle Les Entreprises du Voyage. Cette reprise a alimenté la hausse du panier moyen des voyageurs, sous l’effet combiné de l’évolution du mix produit, de la hausse des prix de l’aérien et de la faiblesse de l’euro face au dollar.
Du côté des destinations, la République dominicaine continue d’attirer les touristes français, et figure même à la troisième place derrière la France et l’Espagne, selon les entreprises du voyage. Tandis que le Mexique, l’île Maurice, la Thaïlande ou la Tanzanie ont tiré leur épingle du jeu. A la frontière entre le long et le moyen-courrier, l’Egypte fait également figure de destination privilégiée. Dans l’ensemble, « tout marche, à part la Chine et évidemment la Russie », résume Jean-François Rial.
Les destinations court et moyen-courriers ont elles aussi connu une saison satisfaisante, malgré une légère baisse par rapport à 2022 (-13 %). En Espagne, les îles Canaries ont par exemple fait le plein de voyageurs français. Idem pour les pays du Maghreb : « Au Maroc, on observe une hausse de 80 % de notre volume d’affaires par rapport à 2019, et de 55 % en Tunisie », illustre Olivier Kerdella, patron de NG Travel (Directours, Kappa, Jet Tours).
« On assiste à une très forte reprise de la Tunisie, cela fait douze ans, depuis le Printemps arabe, qu’on n’avait pas vu ça », abonde Aurélien Aufort, directeur général du groupe Marietton Développement, présent dans la distribution (Havas Voyages, agences Selectour) et la production de séjours.
Quelques arbitrages sur les destinations
Pour le moment, l’environnement inflationniste ne semble donc pas faire vaciller le secteur du voyage tricolore. Même si certaines inquiétudes subsistent. « Ce que j’observe, c’est l’augmentation de la fracture sociale », remarque Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage. « D’un côté, on a des Français modestes qui n’accèdent plus aux vacances et, de l’autre, des plus aisés qui n’ont pas ce problème d’arbitrage et dépensent plus. »
Un diagnostic tempéré, néanmoins, par certains professionnels. « Je serais un peu plus mesuré, car on ne perd pas de clients par rapport à 2022 », note l’un d’eux. « Mais il est vrai qu’il existe une forte appétence sur le prix en entrée de gamme, et que certains arbitrages ont pu être faits sur les destinations. Des personnes qui souhaitaient partir aux Canaries pour 800 euros la semaine se sont par exemple repliées sur la Tunisie à 600 ou 700 euros ».
Si le chiffre d’affaires des opérateurs de voyages est en hausse, le volume de clients n’est globalement pas revenu à son niveau d’avant-crise. « Le nombre de voyageurs est limité par le pouvoir d’achat », résume Aurélien Aufort. « Et si l’on voit une reprise aussi forte en Tunisie, ce n’est pas anodin. »
La maison mère d’Orchestra se renforce en Europe
Travelsoft, éditeur de logiciels dédiés au secteur du tourisme, va se renforcer en Europe avec l’acquisition de Travel Compositor, présent notamment en Italie, en Espagne et au Portugal. Il compte déjà dans son giron la plateforme française Orchestra, qui distribue et gère les offres de loisirs de nombreux voyagistes, ainsi que l’allemand Traffics. A l’heure actuelle, il « automatise la réservation de près de 5 milliards d’euros de volume d’affaires et réalise un chiffre d’affaires de 35 millions d’euros », indique-t-elle.
Par Yann Duvert – A retrouver en cliquant sur Source