Uber limite la casse grâce à la livraison de nourriture

L’activité de transport de passagers du numéro 1 des VTC a baissé de 80 % en avril mais les commandes de repas sur Uber Eats explosent. L’entreprise californienne développe aussi de plus en plus la livraison de courses. Avec la crise économique, elle ne compte cependant pas atteindre la rentabilité avant 2021.

Sauvé par la flemme de cuisiner à la maison tous les jours. Confronté à un déclin marqué du transport de passagers à cause du confinement , Uber affiche un chiffre d’affaires de 3,5 milliards de dollars au premier trimestre, en hausse de 14 % sur un an grâce à l’augmentation des commandes de repas sur sa plateforme. Après une progression de 52 % lors des trois premiers mois de l’année, la croissance d’Uber Eats en avril était de 89 %, en excluant l’Inde, a indiqué Dara Khosrowshahi.

La semaine dernière, la division a franchi un rythme qui, s’il reste à ce niveau, lui permettra d’approcher les 25 milliards de dollars de commandes cette année, contre 14 milliards l’année dernière, a poursuivi le directeur général du numéro 1 des véhicules de transport avec chauffeur (VTC) lors d’une conférence téléphonique avec des analystes jeudi.

La société bénéficie du recours des restaurants aux applications de livraison pour survivre. Uber a notamment passé des partenariats avec Chipotle, Dunkin’et Shake Shack, trois grandes chaînes de restauration américaines. Elle s’est aussi lancé dans la livraison de courses, avec 4.000 partenaires dans 35 pays, dont Carrefour en France , Sysco aux Etats-Unis et Shell au Royaume-Uni. Dara Khosrowshahi a aussi mis en avant le rachat de Cornershop, l’une des principales plateformes de livraison de courses en Amérique latine. Annoncée en octobre dernier, l’opération doit encore être validée par les autorités.

Recul de 80 % des trajets en avril

Son activité de transport de passagers, qui représente 69 % de son chiffre d’affaires, reprend elle doucement mais reste très fortement amputée. Après une hausse de 20 % lors des mois de janvier et février, la baisse a été de 40 % lors des deux dernière semaines de mars et de 80 % en avril. La firme de San Francisco observe cependant de légers signes d’amélioration aux Etats-Unis, son premier marché. « La semaine dernière, les réservations ont augmenté de 12 % en une semaine. En Géorgie et au Texas, où le déconfinement a eu lieu, la hausse est de 43 % et 50 % », a indiqué le patron qui fêtera ses trois ans à la tête de l’entreprise cet été.

Les trajets en direction des aéroports « vont prendre plus longtemps à redémarrer », a admis Nelson Chai, le directeur financier de l’entreprise. Or ils représentent 15 % des réservations et 16 % de l’excédent brut d’exploitation de l’entreprise. Pour compenser, Dara Khosrowshahi essaye de convaincre les employeurs d’offrir des trajets Uber à leurs salariés soucieux des risques de contamination dans les transports publics. Mais aussi de leur livrer des repas , alors que les cantines risquent de rester fermées.

La dégradation des « rides », sa seule activité rentable , est un coup dur pour l’entreprise, qui prévoyait d’être à l’équilibre fin 2020 après onze ans de pertes . Sa perte au premier trimestre frôle les trois milliards de dollars, une multiplication par presque trois en un an, principalement à cause de la dépréciation de certains de ses actifs, comme son investissement dans Didi en Chine. Mais Dara Khosrowshahi a voulu rassurer les marchés : « Atteindre la rentabilité aussi vite que possible reste notre objectif stratégique. Nous prévoyons que l’impact sur le calendrier se compte en trimestres et non pas en années ». Son directeur financier a indiqué prévoir d’être à l’équilibre en 2021.

Licenciements

Pour atteindre cet objectif, l’entreprise va réduire ses coûts d’un milliard de dollars cette année. Mardi, elle a annoncé le licenciement de 14 % de ses effectifs , après une réduction de 31 % des salariés chez Careem, sa filiale au Moyen-Orient. Elle a aussi décidé qu’Uber Eats quitterait huit marchés creusant ses pertes (Europe de l’Est, Egypte, Uruguay…), après avoir revendu l’activité en Inde à son rival Zomato en janvier.

Enfin, elle a annoncé investir 170 millions de dollars dans Lime , un service de location de trottinettes et vélos, qui va absorber Jump, sa plateforme concurrente… lui permettant de ne plus avoir à porter cette activité non rentable sur son bilan.

Le géant des VTC reste cependant soumis à une menace de poids, qui augmenterait ses coûts d’environ 30 %, selon les estimations d’analystes : la transformation de ses chauffeurs en salariés . Mardi, l’Etat de Californie a annoncé poursuivre Uber et son concurrent Lyft en justice à cause de leur refus d’appliquer une loi entrée en vigueur en janvier qui change le statut de la majorité des travailleurs indépendants en salariés.

Article d’Anaïs Moutot   / Les Echos – A retrouver en cliquant sur source

Source : Uber limite la casse grâce à la livraison de nourriture | Les Echos