
Unilever prêt à vendre les thés Lipton
En pleine bascule stratégique pour redorer son cours de Bourse, le géant anglo-néerlandais de l’agroalimentaire aurait trouvé un accord avec le fonds CVC pour lui céder l’essentiel de ses thés. L’opération se ferait pour 4,5 milliards d’euros.
L’empire des thés Lipton, PG Tips et Brooke Bond va changer de mains. Deux ans après avoir annoncé qu’il lançait la revue de cette activité, Unilever aurait trouvé un accord avec le fonds Capital Partners (CVC) pour lui vendre l’essentiel du pôle de thés, qui totalise un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros. L’opération devrait valoriser les thés à 4,5 milliards d’euros.
La vente devrait être annoncée la semaine prochaine, selon l’agence Bloomberg. Plusieurs fonds, dont Advent et Carlyle, semble-t-il écartés, étaient sur les rangs. La cession ne devrait pas inclure la totalité des thés commercialisés par le géant anglo-néerlandais. Unilever conserverait les produits indiens et indonésiens. Il préserverait également ses partenariats noués sur le marché du thé prêt à boire comme celui qu’il a noué avec PepsiCo.
La fin d’une époque
L’affaire n’est pas passée inaperçue outre-Manche, où la presse ne manque pas de rappeler que Sir Thomas Lipton avait fait l’acquisition de sa première plantation au Sri Lanka en… 1890. Las, ces dernières années ont vu décroître les ventes de thé avec la montée en puissance du café dans les régions traditionnellement acquises au thé et des boissons aux herbes aromatisées.
Toutes les régions ne sont pas logées à la même enseigne. La consommation de thé noir recule sur les marchés occidentaux et stagne au Japon. Mais elle progresse en Turquie, Chine et Inde. Les thés d’Unilever ont également pâti des actions engagées en 2020 par 218 planteurs kenyans soutenus par des représentants de l’ONU contre le groupe. Ils réclament des dédommagements suite à l’explosion de violences ethniques sur la plantation de Kericho, qui avaient fait 7 morts et valu à 56 femmes de se faire violer.
Profond changement de portefeuille
Depuis son arrivée en 2019, Alan Jope, le patron du groupe anglo-néerlandais, également connu pour les produits d’hygiène (savons Dove) et les glaces (Ben & Jerry’s, Magnum) cherche à renouveler le portefeuille de marques pour mieux répondre aux nouvelles attentes des consommateurs . Il a dû renoncer à vendre la division beauté en début d’année faute d’avoir trouvé un acquéreur à 1 milliard d’euros. La vente du thé viendrait donc compenser cet échec et redonner de la vigueur au titre sur le marché. L’action a perdu 12 % cette année, alors que les titres des concurrents comme Nestlé et L’Oréal sont en forte hausse.
La revue de portefeuille ne date pas de l’arrivée d’Alan Jope à la tête du groupe. De très grosses opérations ont eu lieu avant lui. Son prédécesseur, Paul Polman a vendu les margarines et les pâtes à tartiner au fonds d’investissement KKR pour 6,8 milliards d’euros et il a acheté la marque Pukka pour tenter de profiter du succès des boissons aux herbes. La cession de la margarine avait été perçue comme une opération fructueuse équivalant à dix fois ses bénéfices.
Article de Marie-Josée Cougard – A retrouver en cliquant sur Source