Vegan : les produits végétaux ne pourront plus s’appeler « steak »

La proposition de loi « relative à la transparence de l’information sur les produits alimentaires » a été définitivement adoptée le 27 mai 2020 à l’Assemblée nationale. Ce texte interdit l’utilisation des dénominations animales (steak, filet, saucisse…) aux produits végétaux.

C’est un combat de longue date. Inquiètes de l’essor du vegan , les filières de la viande ont obtenu que leurs nouveaux concurrents ne puissent plus leur ravir des parts de marché en adoptant les codes des produits carnés – vocabulaire inclus. La proposition de loi « relative à la transparence de l’information sur les produits alimentaires » a été définitivement adoptée le 27 mai 2020 à l’Assemblée nationale et, avec elle, l’interdiction des dénominations animales (steak, filet, saucisse…) pour les produits à base de protéines végétales.

La mesure ne concerne à ce stade que la France mais elle a créé une certaine émotion dans les équipes de l’américain Beyond Meat qui vient d’annoncer la création de sa première usine en Europe de production de « burger », « saucisses », « émincés »…. de protéines végétales. Et pour qui la France est « un marché cible », selon Chuck Muth, le directeur du développement. Le décret d’application doit être publié avant la fin de l’année. « Il ne modifiera pas l’esprit du texte », mais il introduira des précisions techniques.

Conséquences en Europe

Pour l’entreprise américaine, la proposition de loi peut remettre en cause l’utilisation des marques qu’elle utilise pour désigner ses produits végétaux (« Beyond Burger » ou « Beyond Sausage ») en France jusqu’à la publication du décret, mais peut-être aussi, dans un souci de simplification marketing, dans les autres pays européens où l’entreprise américaine veut commercialiser ses produits.

« C’est à Beyond Meat qu’il reviendra de décider d’arbitrer sur le plan commercial et d’harmoniser ou pas l’étiquetage de ses produits en Europe », commente Katia Lentz, avocate spécialiste du droit alimentaire du cabinet américain Keller & Heckman.

Plus de « transparence »

Les Interprofessions INTERBEV pour la viande bovine et INAPORC pour la viande de porc se félicitent de l’adoption de cette mesure législative, qui apportera, lorsqu’elle sera appliquée, « un vrai progrès en matière de transparence de l’information délivrée au consommateur ». Les deux organisations professionnelles « demandent au gouvernement de prendre sans attendre le décret d’application de cette mesure pouvant être mise en place rapidement par la France ». En effet, cette dernière n’est pas dans l’obligation d’attendre une éventuelle évolution du droit européen pour imposer cette interdiction.

Fraude à la viande

Initialement, l’interdiction d’utiliser les dénominations de la viande pour désigner des productions végétales se trouvait dans la loi sur l’alimentation, Egalim, voulue par Emmanuel Macron, le chef de l’Etat. Cette disposition a été censurée par le Conseil constitutionnel, qui avait catalogué de « cavaliers législatifs », c’est-à-dire sans rapport avec l’objet de la loi Egalim, toutes les mesures relatives à la transparence de la consommation.

Dans l’entourage de Jean-Baptiste Moreau, député En Marche de la Creuse et rapporteur du projet de loi Egalim, on précise que cette disposition avait aussi pour but de mettre fin à la vente de steaks hachés présentés comme « pur boeuf » alors qu’ils contiennent une proportion non négligeable de protéines de soja. « Il faut mettre fin à cette pratique frauduleuse », estime Jean-Baptiste Moreau.

Article de Michèle Warnet – A retrouver en cliquant sur source

Source : Vegan : les produits végétaux ne pourront plus s’appeler « steak » | Les Echos