Vin : le rosé coule à flots, la surproduction guette 

La production de vin rosé ne cesse d’augmenter dans le monde. En revanche, la consommation se tasse. La France a renforcé sa position de leader avec plus du tiers des volumes produits.

Le miracle du rosé touche-t-il à sa fin ? Le rosé semble aborder un nouveau chapitre de son histoire après avoir connu un succès parfois insolent depuis vingt ans : la production continue d’augmenter dans le monde alors que la consommation s’est tassée en 2020 et repliée en 2021. On commence à parler de surproduction… alors que les plus grands noms du star-système (Brad Pitt, George Clooney, George Lucas…) et de l’industrie ont voulu lancer leurs bouteilles et que les prix ne semblent pas à avoir de limites, atteignant parfois les 200 euros.

La France, qui totalise plus du tiers des volumes produits – et qui a même renforcé sa position -, est en première ligne. Comme l’Italie et l’Espagne, l’Hexagone produit plus qu’elle ne consomme. Le poids de la France croît très fortement au fur et à mesure que de nouvelles régions se convertissent à cette couleur de vin. Si connu et reconnu soit-il, le rosé de Provence est loin d’avoir le monopole. Tous les vignobles tricolores s’y sont mis au cours des dix dernières années.

La production se concentre

L’Espagne aussi a le pied sur l’accélérateur, pour, il est vrai d’autres qualités de vin et beaucoup de vracs. Mais tout se passe comme si la production mondiale se concentrait. A elles deux, la France et l’Espagne totalisent 66 % des volumes de rosé de la planète. L’Italie, qui vient au quatrième rang, accroît sa production.

Seule exception dans le Top 4, les Etats-Unis, qui freinent les volumes . Des nouveaux venus font des percées significatives, affichant une croissance de 50 % sur dix ans. Dans ce groupe, on trouve le Chili, la Nouvelle-Zélande, la Hongrie, la Roumanie et la Bulgarie.

Face à la déferlante, la consommation ne suit pas. Elle a, au contraire, ralenti en 2020 pour se replier en 2021 – de 20 millions d’hectolitres consommés en 2019 à 19,5 millions en 2021. Le Covid et ses conséquences sur l’activité des bars et des restaurants y sont pour beaucoup. Mais « d’autres facteurs ont joué, comme la météo et la perte d’attrait des rosés sucrés », précise l’Observatoire mondial du rosé.

Une bouteille sur 3

Les chiffres n’en restent pas moins impressionnants. Une bouteille de vin sur dix consommées dans le monde est du rosé. En France, c’est une bouteille sur trois. L’Hexagone est le seul pays où le poids du rosé est aussi fort. Au total, le recul de la consommation a, malgré tout, été moins important que la baisse de la consommation de vins toutes couleurs confondues. Si bien qu’il est « difficile », selon l’Observatoire, de conclure que le rosé fait face à une baisse structurelle. Il est intéressant de noter d’ailleurs que certains pays, comme l’Europe centrale et de l’Est, et surtout l’ensemble Asie-Océanie ont augmenté leur consommation.

Sur le podium de la consommation, on trouve, à côté de la France, l’Allemagne, qui a doublé les Etats-Unis, s’arrogeant ainsi la deuxième marche. A eux trois, ces pays absorbent 60 % du rosé produit dans le monde.

A l’exportation, c’est l’Espagne, qui vient en tête, très loin devant les autres. Elle expédie deux fois plus de vin rosé que la France, bien que cette dernière ne cesse d’améliorer ses performances en la matière.

Par Marie-Josée Cougard – A retrouver en cliquant sur Source

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