Un rayon Darty dans un hypermarché Carrefour

le plan de sauvetage des hypers Carrefour

Carrefour n’y va plus par quatre chemins pour redresser la rentabilité de ses hypermarchés français. Il abandonne le gros électroménager et la bijouterie, poursuit les transferts en location-gérance et va tester trois concepts de combat pour ses sites en difficulté. Les infos de Linéaires.

Le plan que la direction a dévoilé en interne (relayé par les syndicats) est d’abord un plan d’économies. Parce que le non alimentaire représente à lui seul 68% de la perte de chiffre d’affaires des hypers, c’est là que les arbitrages sont les plus violents.

À terme, tous les rayons gros électroménager, photo et bijouterie gérés par Carrefour seront fermés. L’assortiment du bazar, lui, sera réduit de 30%.

Dès cette année, dans une quinzaine de petits hypers (moins de 8000 mètres carrés), l’univers électro-photo-ciné-son n’aura plus de vendeurs et passera en tout libre-service.

Carrefour préfère s’en remettre aux enseignes spécialisées pour faire tourner ces rayons. Le test avec Darty (deux shops-in-shop ouverts en franchise) sera étendu cette année à trois sites supplémentaires. Une expérimentation similaire sera conduite avec la Fnac. Dans des magasins où la création d’un corner Darty n’est pas possible, Carrefour envisage de tester un partenariat en marque blanche (approvisionnement auprès de Darty, sans mettre en avant l’enseigne spécialisée).

Une nouvelle filière d’appro pour les outlets

En non alimentaire, Carrefour concentre désormais ses efforts sur d’autres concepts. À commencer par les outlets. Ils sont apparus en France en 2018 afin de centraliser les invendus non-al des magasins et les brader. 11 sites ont été ouverts l’an dernier, sur 500 à 1500 mètres carrés, à l’intérieur même des hypers. Face au succès remporté, Carrefour a programmé la création d’une dizaine d’outlets supplémentaires cette année, en s’appuyant cette fois sur une centrale d’achats pour négocier des « opportunités » (les stocks morts des magasins ne suffisant plus à assurer les approvisionnements).

Carrefour va également expérimenter en 2019 deux nouveaux rayons jugés prometteurs : une animalerie à Chartres (28) et un univers « beauté plurielle » à Carré Sénart (77), incluant la santé et la parapharmacie. La jardinerie testée à Bourges (18), elle, s’était avérée décevante l’an dernier, au point que le distributeur envisageait, ici aussi, de s’appuyer sur une enseigne spécialisée.

Les concepts « Essentiel », « Rebonds » et « Next »

Une part significative du parc d’hypermarchés, on le sait, ne va pas bien. A tel point que des mesures de sauvetage sont envisagées pour un quart à un tiers du réseau intégré.

Le transfert en location-gérance de 5 hypermarchés en 2018, d’abord, n’était qu’une première étape. 10 ou 11 hypers supplémentaires, en grande difficulté, passeront aussi aux mains d’un commerçant indépendant cette année. Les repreneurs, dans la plupart des cas, seront des directeurs de magasins Carrefour, a annoncé le distributeur (sans communiquer la liste des sites concernés).

De nouveaux concepts de combat, également, vont être expérimentés cette année.

Le modèle « Essentiel », d’abord, est purement low cost. Le site pilote d’Avignon (84) va se transformer en hyper à vocation discount : des prix bas, de la marchandise sur racks, une offre basique en PGC et la zone marché en tout LS. Carrefour espère sauver une dizaine d’hypermarchés avec ce concept. Géant Casino et Auchan, pour mémoire, s’y sont déjà essayés sans succès en 2005 puis 2010. Et… Carrefour également, en 2004, avec un test à l’époque sur Hyper Champion.

Le modèle « Rebonds », lui, s’inspire directement des méthodes de relance des indépendants qui reprennent un site à problèmes. En clair : une plus grande autonomie sera laissée au directeur de l’hyper, dont la mission principale sera de redresser le résultat opérationnel courant. 40 magasins, dans le parc Carrefour, ont urgemment besoin d’une telle remontée. 5 sites pilotes vont essuyer les plâtres cette année.

4 hypermarchés, enfin, vont tester le concept baptisé « Next ». Il s’agit cette fois de réorienter les magasins vers une vocation essentiellement alimentaire. Les surfaces seront réduites et une offre de restauration dans l’hyper fera son apparition. Dijon Toison d’Or (21) donnera à voir les premiers contours de ce nouveau modèle.