A 50 ans, le titre-restaurant veut élargir son champ d’action
Utilisé par 4 millions de salariés, 140.000 entreprises et collectivités, 190.000 restaurateurs et commerçants, il pourrait être étendu aux travailleurs indépendants.
C’est au ministère du Travail que la Commission nationale des Titres Restaurant, l’organisme chargé d’en agréer les utilisateurs, va célébrer ce mercredi après-midi les 50 ans de ce moyen de paiement au financement partagé par l’employeur et le salarié désormais utilisé par 4 millions de salariés, 140.000 entreprises et collectivités, 190.000 restaurateurs et commerçants en France. Devrait être annoncée à cette occasion une réflexion afin d’élargir son champ d’application aux travailleurs indépendants. Il s’agit aussi d’accroître sa pénétration au sein des TPE où le taux d’utilisation reste très faible dans les entreprises de 1 à 2 salariés, inférieur à 5 % contre de 10 % à 15 % pour les PME, de 40 % à 50 % pour les grands groupes, avec une moyenne de 30 % toutes tailles d’effectifs confondus. Un chantier interministériel (Santé, Education, Travail) va également être lancé pour fixer la date de la fin de l’utilisation de chèque papier, et acter la totale dématérialisation de ces titres en marche depuis plusieurs années.
Un avantage social exonéré de charges
Le concept du titre restaurant a été inventé en Angleterre en 1950 par le docteur Winchendron. Il s’agissait de créer des « bons repas » à destination des infirmières de son hôpital pour les utiliser dans les restaurants voisins. Exporté en France en 1957 par la société Crédit Repas, il prendra la forme d’un Chèque-Restaurant en 1962 sous la houlette de Roger Vasselin, puis d’un Ticket-Restaurant en 1963 et d’un Chèque Déjeuner en 1964 sous la houlette, respectivement, de Jacques Borel et de la société Chèque Coopératif Restaurant.
Mais c’est avec une ordonnance de 1967 de Georges Pompidou, alors Premier ministre du Général de Gaulle, que le titre va devenir un avantage social exonéré de charges. Un écosystème vertueux, selon la CNTR, puisqu’il soutient l’emploi dans la restauration et le commerce alimentaire avec plus de 6 milliards d’euros dépensés par les salariés détenteurs de ces titres. En moyenne, il représente 15 % du chiffre d’affaires de ceux qui les acceptent. Peu à peu, son utilisation a été étendue à la restauration rapide, aux grandes et moyennes surfaces, aux détaillants de fruits et légumes, et s’est ouverte à la fonction publique, territoriale et hospitalière.
Dématérialisation en marche depuis 2014
Depuis 2014, le titre-restaurant peut être émis sur support papier ou sous forme dématérialisée (carte, smartphone…) avec un plafond d’utilisation de 19 euros, même si la valeur faciale moyenne observée est plutôt de 7,90 euros. Simplification de la gestion pour les entreprises, possibilité de dépenser au centime près et de bénéficier de nouveaux services (suivi du solde…) pour les salariés, remboursement plus rapide des commerçants : la dématérialisation n’est pas sans avantages, même si elle s’avère aussi moins souple du fait de l’impossibilité de transmettre son titre restaurant ou de l’utiliser un dimanche. Néanmoins, les jeux sont faits et les grands opérateurs ont pris le virage, en particulier Edenred , le leader avec de 36 % à 37 % du marché français, qui a cru le premier à la dématérialisation. Sur 1,6 million de salariés utilisateurs de ses titres, 500.000 possèdent désormais une carte Ticket Restaurant, soit quasiment un tiers. D’autres règlent leurs achats avec Apple Play ou Apple Watch. Dans le Groupe Up, sur 1,2 million de bénéficiaires, 10 % utilisaient un titre dématérialisé en 2017, mais ils seront 30 % cette année.
Le titre restaurant a aussi permis l’émergence de champions français à l’international, qu’il s’agisse d’ Edenred , de Sodexo ou du Groupe Up (ex-Chèque Déjeuner ). Dans l’Hexagone, outre Natixis Intertitres, la dématérialisation a attiré de nouveaux acteurs comme Moneo Resto (Monéo Applicam), Monetico Resto (Crédit Mutuel-CIC), ou Resto Flash
Source : A 50 ans, le titre-restaurant veut élargir son champ d’action