Tout en cédant son immobilier, le champion français de l’hôtellerie développe de nouveaux services.

Le cinquantième anniversaire d’ AccorHotels sera bien davantage qu’une date symbolique pour le champion français de l’hôtellerie, dont l’origine remonte à 1967, avec l’ouverture du premier Novotel à Lille Lesquin. La cession du contrôle de l’essentiel de son pôle immobilier HotelInvest, qui doit intervenir début juillet, soit un an après l’annonce du projet, sera un tournant majeur dans l’histoire du groupe et marquera aussi le coup d’envoi d’une nouvelle phase de transformation de l’entreprise avec l’accélération de son développement dans des services connexes à l’hôtellerie.

A l’occasion de la présentation, mercredi, de ses résultats – record – au titre de l’exercice 2016 (lire encadré), son PDG, Sébastien Bazin, a brossé à grands traits les contours du futur nouvel AccorHotels, allégé de l’immobilier à l’instar de ses grands concurrents américains ou du britannique InterContinental Hotels Group. Il a tracé les grandes lignes de sa stratégie à mettre en oeuvre concomitamment à sa scission avec la filialisation d’HotelInvest.

Le numéro six mondial de l’hôtellerie reposera sur trois piliers, trois « verticales », selon la formule de Sébastien Bazin. La première d’entre elles réunira les services liés à l’hôtellerie qui, « à moyen terme », représenteront 70 % des résultats. Le groupe sera, selon les cas de figure, un exploitant sans actifs immobiliers ou un franchiseur. Il continuera aussi de mettre l’accent sur le marketing, la commercialisation et la fidélisation de ses clients. En parallèle, il poursuivra le développement d’un deuxième pôle depuis peu esquissé, qui s’articule autour du voyage avec, notamment, sa « place de marché » visant à distribuer des hôtels indépendants et complémentaires de son parc. S’y ajoute sa diversification dans la location d’hébergements privés haut de gamme complémentaires de l’hôtellerie, engagée l’an dernier avec les rachats de Onefinestay, Oasis Collections et Squarebreak. Par ailleurs, AccorHotels va amplifier le déploiement de services plus classiques avec le levier numérique. Après la mise en ligne de ses restaurants, AccorHotels teste aux Etats-Unis une solution de forfait sur Internet en combinant la billetterie aérienne.

Des moyens importants

Enfin, la troisième « verticale » également en devenir s’articulera autour des « services à la communauté ». Outre ceux liés à la conciergerie, via l’acquisition en novembre dernier de la société John Paul, AccorHotels a vocation à multiplier de nouveaux services adossés à ses hôtels, en s’appuyant, là aussi, sur le numérique. En substance, l’idée est de mieux utiliser les hôtels et le personnel entre 10 heures et 19 heures, c’est-à-dire hors la plage horaire correspondant à la présence de la clientèle.

Pour ce faire, une expérience est en cours dans dix établissements situés en Ile-de-France et de marques différentes – Ibis, Novotel, Pullman, Sofitel – afin de mieux préciser le champ d’intervention possible. Sébastien Bazin, qui a promis « un nouveau plan stratégique après l’été », s’est d’ores et déjà engagé sur un doublement de l’excédent brut d’exploitation du nouvel AccorHotels d’ici à cinq ans, et ce, a-t-il précisé, hors « grosses opérations » de croissance externe. En la matière, le groupe disposera, sur le papier, de moyens conséquents avec la cession du contrôle de l’essentiel d’HotelInvest (1.000 hôtels concernés pour un parc sous enseignes de 4.144 établissements fin 2016), valorisé à 6,6 milliards d’euros. AccorHotels devrait garder de 25 à 35 % de la nouvelle société à créer, mais déjà baptisée « AccorInvest ». A ce stade, le groupe est en pourparlers avec une quinzaine de candidats investisseurs, de profils différents – assureurs, fonds souverains, institutionnels -, le ticket d’entrée étant de 200 millions. La phase de négociations exclusives se tiendra entre fin mars et fin juin, a précisé mercredi Sébastien Bazin, qui estime à six le nombre d’actionnaires potentiels, « trois gros et trois moins gros ».

Par ailleurs, la nouvelle entité filialisée disposera d’une ligne de crédit de 1,5 milliard pour investir dans la rénovation de son parc et son accroissement. AccorInvest devra également s’endetter à 2 milliards afin de rembourser un compte courant mis en place par AccorHotels pour créer la société.